Je vous l’avais dit, tout au long de ce tres long hivers, j’ai garde les yeux fixes sur le printemps a venir. Et voila que nous y sommes. Et comme tout ne vient jamais seul, voila que les economistes commencent a constater des signes contradictoires, parfois meme d’exceptionnelles surprises. Du coup, les bourses ont partout grimpe… C’etait inimaginable il y a encore un mois… Et cela valide mon analyse de cette crise dont j’ecrivais il y a plus d’un an qu’elle serait severe mais courte. D’ou ma comparaison cet hiver avec un typhon. Alertes preliminaires des 2007, premiere faillite en janvier 2008 (on a deja oublie Bear Sterns…), puis l’arrivee de cette masse bien chargee de CDO et CDS, le typhon en plein entre septembre et novembre, et puis l’oeil en decembre, comme un grand calme, et puis de nouveau cette intense activite a partir de fin janvier, ou on a vu les bourses revenir a leurs niveaux d’il y a 10 ans, avec tout ce que cela suppose en terme de destruction de richesse et d’augmentation proportionnelle des ratios d’endettements… Et puis voila que des fin fevriers des indicateurs montrent que c’est moins pire que prevu dans l’economie « reelle ». Et en mars voila meme des statistiques plutot bonnes aux USA… Le typhon est passe, et tout ce que nous vivons desormais en est la consequence. Les destructions sont massives, mais il n’y en aura pas d’autres a venir…
Les etats, eux, vont desormais etre contraints de s’endetter a des niveaux exceptionnellement eleves. Et contrairement a une idee a la mode qui veut qu’on arrete les derives, on va rentrer dans l’age d’or des derives ! Car le seul moyen de limiter l’endettement sera de sur-adosser ce qui l’est deja ! On va faire des CDO de CDO !
La reprise ? Je continue de penser qu’elle sera rapide et brutale, mais je crois aussi qu’elle se fera en deux temps. D’abord une « correction », la premiere reprise, ou on retrouvera des niveau anterieurs, limitant d’autant la recession. J’ai lu des -6% pour l’Allemagne, je n’y crois absoluement pas, ce n’est pas rationnel : cela voudrait dire que nous serions revenus en 1930, avant les etats providence. Il y aura donc une « reprise » qui sera essentiellement une « correction ». Elle sera suivi d’une sorte de stagnation, le temps que les mesures de « relance » regonfle la demande. Et alors il y aura une reprise, certainement tres dynamique, et l’an prochain devrait etre une annee de forte croissance dans pas mal de pays. Si c’est le cas, les etats auront interet a penser a se desendetter avec les rentrees fiscales supplementaires.
Je l’ai ecrit deja : ce n’est pas cette crise qui me fait peur, mais la prochaine, dans une quinzaine d’annee. Les entreprises aujourd’hui sont rentables, la preuve, la plupart n’annoncent que des « reductions d’objectifs » de profits. En 1929, la bourse a chute car elles perdaient de l’argent! De plus, la structure des prix est de nos jours nettement inflationniste (moderement, avec du 2/3% manipule, et du 4/5% reel) alors qu’elle etait deja deflationniste tout au long des annees 20… Or, cette configuration n’est pas eternelle. Nous aurons de nouveau une phase de baisse du profit lie a une surproduction, mondiale cette fois. Le rencherissement des matieres premieres lie a leur epuisement, l’augmentation des couts divers (securite des transports -piraterie, guerres civiles; pollution; normes environnementales…) rendra la concurrence encore plus violente et tendanciellement destructrice. Le premier choc financier sera fatal comme il le fut en 1929. Car je ne crois pas que de la crise actuelle sortira une vraie regulation. Mais il en sortira des montagnes de dettes auquel ne pourront pas s’ajouter de nouvelles de dettes…
Notre seul risque a court terme est en effet du cote de la dette et je pense que c’est cela qui provoqura la stagnation apres la « correction cette annee ». Le yield resultant de la difference interet/interet pratique atteind desormais des taux record proche des 4%. En fait, le marche des taux est en situation d’asphixye. Je vous rappelle qu’un taux de 0,5 a 1,5% est la situation normale… Mais il faut bien se representer que non seulement les banques doutent de la solidite des entreprises donc se couvrent en augmentant les taux, mais en plus les etats jouent desormais le role d’aspirateur a capitaux en augmentant leur dette. Naissent egalement des « paniques » sur la solidite des etats ainsi que des craintes d’un retour a l’inflation qui annulerait l’interet (ben oui, si vous etes remuneres 5% et que l’inflation atteind 6%, vous perdez 1%…).
Mais en meme temps, ce qui est nouveau c’est que malgre la violence du choc financier, en un mois, les discussions portent sur la sortie de la crise et les caracteristiques de la reprise. Psychologiquement, c’est un changement notoire qui pousse egalement a une sortie rapide.
En W.
Voila, c’est ma petite note d’optimisme printannier, dopee par les fleurs de cerisiers que nous nous empressons d’aller admirer.
De Tokyo,
Suppaiku
Et revoici le printemps…
E