Le Blog de Suppaiku, journal bloggué de Madjid Ben Chikh, à Tokyo.

En attendant…


Quand j’ai quitté Londres il y a 7 ans déjà, j’avais cédé à la facilité. Trouver un travail à Paris me semblait plus simple, j’avais reculé devant une difficulté qui s’annonçait pour moi insurmontable : me remettre à la recherche d’un emploi. Et surtout être ambitieux, ce qui n’a jamais été une caractéristique forte de ma personnalité. Non pas que je ne le sois pas, mais je n’ai jamais su me mettre en avant en milieu « hostile », comme lors d’un entretien d’embauche. Voilà comment je me suis retrouvé intérimaire professionel pendant près de 8 ans… et pas mécontent de l’être à cette époque là.
Pourtant, à chaque fois que j’ai fait montre de force et de détermination, mes résultats ont dépassé mes espérances. Je me revois, en 1999, ce devait être janvier, durant mes entretiens pour entrer chez Cortal. Je sortais tout juste de boulots nuls et surtout de ma reprise d’études. Deux missions d’intérims, de la saisie, m’avaient permis de manifester mon goût pour la prise de responsabilités. Imaginez, vous êtes chef d’un service, vous avez des intérimaires, vous êtes débordés de travail et parmi ces intérimaires placés là pour vous libérer du travail ingrât de saisie, vous en avez un qui fait un peu de votre travail en plus du siens… Je me retrouvais « recommandé » pour devenir conseiller financier, un travail que je n’avais moi même auparavant envisagé. De Pompadour au compte-titres, imaginez le portrait…
Marie-Claire V. Je me souviendrais toujours de cette jeune femme qui devait bien avoir 23 ans alors et qui supervisait l’équipe de Conseillers à laquelle j’appartenais. Pas moins de quatre entretiens, mais je crois que c’est durant mon entrevue avec elle que la partie fut jouée. Je voulais ce travail, pas par ambition, mais par défi personnel et par jeu, par lassitude aussi, de celle que l’on ressent à force de travails (orthographe volontaire) précaires mals payés qui vous flanquent des fins de mois en forme de j’en peux plus. Je l’attendais, elle n’arrivait pas. Le petit bureau qui donnait sur la courette de cet immeuble de l’avenue Charles de Gaulle à Neuilly était sommairement décoré, dans un style « Mitterrand diffusion », plus communément ressenti comme style Balladurien. Un peu de courbe, du pastel et des meuble stratifiés imitation bois, une annexe de Conforama de cette époque. Ca sentait bon les classes moyennes et le salaire à 5 chiffres. Me retrouver là à attendre pour un travail m’amusait. Elle arriva, cheveux au carrés, serre tête et tailleur pantalon gris à 500 francs acheté dans une gare ou un centre commercial de banlieue, chaussures plates. Elle était directe, et son nez pointu me fit penser à Dorothée. Je dus recommenter pour la énième fois mon CV, répondre aux mêmes questions, et puis à une que je n’attendais pas. En fait, j’avais décidé de ne pas insister, de pas me mettre en tête d’avoir ce poste à tout prix.
– Pouvez vous m’expliquer ce qu’il y a à voir entre l’histoire du XVIIIème siècle et Cortal ?
– Vous savez, pour mieux comprendre les mentalités, l’histoire a recours aux sciences sociales et aux sciences économiques. Le XVIIIème, c’est le début de la société de consommation et de la société industrielle,…
Je lui ai sorti un laïus… plus je parlais, plus ses yeux brillaient. J’avais peu parlé, mais ma réponse avait été claire, instannée, précise : que demande t’on de plus à un conseiller financier ?
Je commençai la semaine suivante…
C’est amusant, les entretiens, quand on y est près dans sa tête. A Londres, je ne savais pas ce que je voulais, ce que je recherchais. J’étais en vacances…
Je cherche du travail, et je suis au Japon. Je cherche du travail et pourtant je travaille, que se passe t’il donc ?
NOVA ne passera pas l’année, voilà ce que l’on s’accorde à dire. Les salaires des employés Japonais ont été versés en retard il y a 2 mois, et encore un peu plus le mois dernier. Ce mois-ci, les managers ont été payés en retard. Le miens attend encore son salaire, avec une semaine de retard. De (visiblement) frauduleux mouvements de titres à la bourse, avec dépôts des titres à des sociétés de consulting (en voyant leurs sites, on pense plus aux films de Kitano qu’à des sociétés financières), disparitions de titres reconnues par le Président, triplement de la valeur du titre puis descente vertigineuse, aucune communication interne et pour finir démissions massives de professeurs nous font ici traverser une épreuve éraintante pour tous.
Dans l’équipe française, on est sonnés car trouver du travail au Japon n’est pas une chose facile quand on est un étranger non anglo-saxon. J’ai pour ma part opté pour la banque-finance puisque c’est ce que je sais faire de mieux en se plaçant sous l’angle des qualifications. J’ai achevé, après 3 semaines d’interminables retouches, mon premier vrai CV en anglais. J’en suis satisfait, il est net et direct. J’ai depuis lundi commencé mon exploration sur internet, mais à partir de mardi (lundi est férié), je profiterai de mes mails pour téléphoner et parler de vive voix. J’ai cet énorme avantage par rapport à d’autres collègues d’avoir au moins un réel domaine de compétence.
J’ai regardé les sites des écoles françaises. Impression de déranger. De petites écoles, ça ne fait pas de gros moyens. Qu’auraient elles à faire de moi ? Je ne suis pas FLE…
Je ne conçois pas une seconde rentrer en France. J’en fais une affaire intime. Je veux décider de mon départ et ne pas me le voir imposer par une équi… bande de dirig.. chtars. J’aime Jun. Et je me sens bien, ici.
Si vous avez un travail, à vot’ bon coeur…
Voilà, vous savez où j’en suis. Où nous en sommes.
Nova coule. Il n’y avait même pas de musique à bord…
Merci Pierre et Rasen pour le message.

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Commentaires

2 réponses à “En attendant…”

  1. Je viens de lire un article a la Une du Japan Times sur Nova.
    Je t’envoie plein de bonnes « vibes » de Londres, je salue ta tenacite, et te souhaite une bonne reussite dans ta recherche d’emploi. Tu as beaucoup d’atouts!

  2. Je viens de lire un article a la Une du Japan Times sur Nova.
    Je t’envoie plein de bonnes « vibes » de Londres, je salue ta tenacite, et te souhaite une bonne reussite dans ta recherche d’emploi. Tu as beaucoup d’atouts!

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