Samedi dernier, début de soirée à 飯田橋/Iidabashi, à 日仏学院/l’Institut Franco-Japonais. La rue était très sombre mais depuis le temps que je voulais les photographier, ces résidus cyclopédiens. Je dévisse ma caméra de son pied, je vise mon appareil photo à la place. C’est un Lumix, mais il y a toujours possibilité de lui faire faire de mauvais calculs d’exposition, de la forcer, ce dont j’use et j’abuse. Je n’aime pas les appareils photo automatiques… Bref, je lui impose sa sensibilité, je veux sous-exposer. J’installe l’appareil et voilà qu’une Iidabashienne pomponnée arrive, la peau luisante d’un demi-pot de crème hydratante, cheveux attachés-tirés en mini-chignon compact, perchée sur ses hauts talon, la robe longue au vent. C’est sûr, elle va à l’Institut, il y a un rassemblement d’élégantes -un vernissage, un pot, que sais-je- au « café-restaurant ». Elle a le pas ferme, elle me regarde, je suis sur le point d’appuyer, son regard est méprisant, disons plutôt hautain. ELLE VA À L’INSTITUT, elle. Sûr, je n’étais pas habillé pour un truc mondain moi… Elle est de cette actégorie de femmes, nombreuses au Japon, qui n’aiment les artistes que célèbres, élégants, à la mode et si possible oisifs, d’un art qui ignore la souffrance, la lutte, la bagarre. Alors moi, qui me bagarait avec mon appareil photo, hein, pour obtenir un résultat difficile, sans flash, dans un angle obscur d’une rue déserte, avec ma chemise ouverte, ma casquette et mon sac en toile par terre… Les kamis m’ont toutefois donné ma petite vengeance… Il y a au pied de l’escalier qui mène à l’institut un petit sanctuaire…. Eh bien, elle n’est pas montée par l’escalier. Elle a continé d’arpenter la rue en pente à 20°, ça a du être dur, avec 10cm sous les talons et 1mm de crème sur le visage et le sac à main à bout de coude replié… Elle est montée jusqu’au parking – l’autre accès- et c’est là seulement qu’elle est entrée. Elle s’est fait un de ses ralongements… Quelle idiote, j’ai pensé…
Si je devais donner un nom à cette photo, je l’appellerais volontier, « portrait d’une idiote ».
Qu’est-ce qu’il fait beau, ce matin…Un grand soleil. Levé vers 7h55. Je fais des rêves normaux, je n’ai plus de cauchemards depuis 10 jours. Je termine la lecture du livre de François Bon, Daewoo, qui m’a fichu le moral à zéro, avec ses témoignages de chômage, de pauvreté et de paysages triplement balafrés, par les zones industrielles d’abord, par les friches qu’il en reste quand elles s’en vont et par la solitude qui s’en dégage avec ces cités qu’on a construit autours.
J’ai écrit à quelques amis, je vais continuer aujourd’hui et demain.
J’ai eu un entretien lundi.
Ce matin, soit je vais à la gym, soit je saute sur mon vélo et je file sur Tôkyô, je vous livre un nouveau podcast.
Il fait trop beau pour la gym, je crois…
Dimanche, avec Jun, nous sommes allés à Kamakura. Premier week-end « normal ». Il faisait très beau, j’ai fait plein de photos que je vous présenterai dans un album d’ici la fin de la semaine.
Je suis tombé amoureux de la bibliothèque de la Maison Franco-Japonaise…
Laisser un commentaire