Du Japon et autre…

D

promenade jeudi dernier, bronzage dans le centre de Tôkyô, c’est à dire dans les jardins qui bordent le palais impérial vers Ôtemachi. Merveilleux, presque des vacances…
J’écoute le dernier disque de Jacno dont un ami (Mulgon Melta) m’a « transmis » un exemplaire. J’ai toujours été un fan de Jacno dont j’aime le minimalisme. J’ai toujours trouvé injuste tout ce batage autours de Mirwaïs quand le disque de Madonna American dream est sorti. Mirwaïs n’était après tout qu’un guitariste parmi d’autres à cette époque. J’ai toujours pensé que, comme pour les Doors avec Ray Manzarek, c’était le clavier qui donnait toute la différence dans Taxi-Girl. Bref, Laurent Sinclair. Envolées lyrique sur Korg MS-20… Toute une époque… Mais Jacno…

ce même jeudi, le matin, alors que je marche dans le Parc de Ueno, exposition de fleurs, arbustes et bonzai. Je vous avoue que celui-ci a retenu toute mon attention malgré la très grande beauté des autres…
Dire Jacno, c’est dire Stinky Toys, THE le groupe punk français, entre fin 76 et 78. Deux albums mythique, et une présence dans THE la tournée punk, la seule et unique, celle de 1976/77, autours de THE le producteur seul et unique, Melcom MacLaren, le seul qui a cette époque ait laissé ses groupes accélerer, et toujours accélérer le rythme, et saturer les rythmes et, enfin, sortir d’une quasi décénie de décélération bab et de complication hard-rock… Dans la troupe, les futurs The Clash, The Sex Pistols bien sûr et The Stinky Toys. Une chanteuse, elle aussi mythique désormais, nommée Ellie, Argentine vivant en France et encore étudiante en Arts graphiques comme toute la bande, perchée sur aiguilles rescapées des années 50, jupe plastique… Les garçons, dont le beau Jacno, cheveux courts asymétriques, vestes 60 et chaussures pointues, cravattes fines… Vous pouvez pas comprendre, mais à cette époque, être habillé comme ça, ça attirait forcément des ennuies. Les rockers en perfecto nous traitaient de tantouzes, les baba cool de facho et les disco comprenaient pas, avec leurs costumes près du corp vaguement évasés, leurs cheveux mi-long et les filles avec leurs looks « flou »…

ce jour là, grand soleil, je prends des couleurs et, comme me l’a dit un collègue une fois, bosser à Okinawa, ce doit être mortelement chiant, mais côté soleil et plages… Je suis bien, ici…
Dans le punk français, il y eut deux étoiles filantes : les Toys et Métal Urbain, leur strict contraire, au look plus agressif… « crève, salope, ta vie vaut pas 100 balles », hurlait Metal Urbain quand les Toys réclamaient un gateau d’anniversaire… Les Toys ont inspiré Dodo et Ben Radis pour leurs cultissime BD Paris scouille t’il ? paru aux Humanoïdes Associés en 1979.
Un jour, le groupe a splité et… la pop française est re-née avec la formation du duo Ellie et Jacno. Cela étant, leur hit Main dans la main n’a jamais atteint le succès phénoménal de Amoureux solitaires écrit pour la jeune Lio en 80. THE le tube de pop. Vous connaissez tous les mélodies pop de Jacno, du générique de l’émission de Jacky Platine 45 vers 83/85, Losange, à la publicité pour Nesquick, Rectangle. Et avec Ellie, le générique du film de Rohmer Les nuits de la pleine lune en 84… La belle Ellie est partie vers d’autres cieux et, un jour de 86, je regardais la télévision et je vis une jolie fille aux formes généreuses bouger sur des rythmes sauvages, un poisson entre les cuisses, c’était elle, (re)devenue Ellie Medeiros, et ce fut son cultissime succès Toi mon toi. Jacno, lui sombrait dans l’oubli avant qu’elle même, et toute notre génération avec, ne disparaisse, doublée par la vague naissante des revivals, du réchauffé, du grunge… Même les Rita Mitsuko un temps vainqueur de ce match à l’arraché, ne survirent pas à la guerre du golfe et au naufrage définitif des derniers rêves des années 80… Ne restait plus à notre chef d’orchestre, François Mitterrand, à partir et c’en était fait.

samedi soir, 大江戸温泉物語, ôedo onsen monogatari. Une équipe de TV qui passe avec une geisha de l’espace. A peine ai-je le temps de prendre une photo que, et hop, interview ! Rassurez-vous, je n’ai pas été le seul. A mes côté, la geisha de l’espace. Une équipe de TV coréenne, je comprend le bariolage de la fille, « plus vrai que nature ». Je trouve ça sympa…
Autant vous dire que ces espèces de filles en plateformes noir qui dansaient à la Concorde en 95 sur fond de ballet de rolls sur les Champs Elysées, j’ai pris cela comme le plus gigantesque affront esthétique de toute ma vie… L’énergie des bourges, de la jet set et des « d’la night » est vulgaire.
Notre énergie était enfantine, elle passait par quelques achats aux puces, le ramassage de ce dont les autres ne voulaient plus…
Jacno, le roi des enfants, a continué son chemin avec beaucoup d’innocence. En dehors des modes, il a cultivé son truc à lui, trempé de petites mélodies que la Françoise hardy aurait pu elle même revendiquer sienne. Plus que Daniel Darc (chanteur de Taxi Girl) dont on nous a rabattu les oreilles après que La Star Ac’ ait revivalisé Cherchez le garçon. Darc, c’est un échouage dans les abîmes profondes du show biz, la drogue et l’alcool, et puis la divinité du livre appelé « les évangiles » un jour et ce que cette superstition appelle une « révélation ». Et un retour enchanté… Pour Jacno, une longue traversée du désert, moins spectaculaire, à l’image de sa musique. Un très beau disque très réussi en 2004, French paradoxe, auquel ont participé Miossec, Helena Nogueira (soeur génialissime de Lio et compagne, accessoirement, de Katerine – le chanteur) et une reprise très réussie de Rectangle avec le groupe phare de Bertrand Burgalat AS Dragon.

je trouve cet endroit terriblement poêtique… j’y ressens un truc qui remonte à l’enfance. A mon enfance à Epinay-sur-Seine quand, le dimanche matin m’emmenait voir les « tchou-tchou » comme je les appelais alors, ces grosses locomotives noires à charbon encore en service. On se mettait sur un pont et quel plaisir, les voir passer… Je ressens dans ce quartier de Tôkyô, vers Kanda, Ochanomizu, Nezu, des sensations qui remontent à l’enfance. Une grosse grosse madeleine, en quelque sorte… J’ai toujours regretté être parti, avoir déménagé d’Epinay sans m’en rendre compte, vite, sans prendre le temps de dire au revoir à mes amis…
Un nouveau disque cette année, moins bon, je trouve, moins réussi. Mais plus intime, comme si Jacno avait, enfin, quelque chose à nous dire. Il déteste le sport et je suis heureux de constater que nous ayons ce point commun ! Le sport, de toute façon, ce n’est pas très scouille…
Merci Mulgon !
Bon, à part ça, commence à faire chaud, ici, et même presque beau. Chaud, c’est 25° avec nuages. Sans nuages, je devine des pointes… Ils appellent ça le printemps. L’été, c’est après la saisons des pluies. 35°, soleil, humidité. J’adore… mais pour aller au travail je redoute un peu.
Bon, ce n’est pas le tout que ça, faut que je sorte : le travail m’appelle !
De Tôkyô,
Vôtre,
Suppaiku

Commentaires

  • Je suis content que le dernier Jacno te plaise.

    Taxi-Girl : Et la voix ? Tu n’en parle pas. Tu devrais nous faire un post sur le Born Again Daniel Darc

    baba cool de facho : Ca me fait penser à ma sœur ex-gauchiste ex-maoïste. Quand tu n’es pas d’accord avec elle, elle te traite de facho. Ils doivent penser que ça doit être l’argument ultime. Je me fais un malin plaisir dans ce cas d’en rajouter une couche. Autant quand on est traité de facho que cela soit à raison. Alors là, le fin du fin comme réponse : t’es vraiment un électeur de Le Pen, j’espère qu’il va passer & que tu va en chier.
    C’est étonnant que dans leurs discours, Le Pen est pire que le fascisme.

    Melcom MacLaren : tu veux parler de Malcolm Mclaren, je pense 😉

    Punk français : Tu oubli quand même : Oberkampf

  • Je n’oublie pas Oberkampf, je les mets après. Metal Urbain et Stinky Toys, c’est un peu les pionniers… Mais c’est vrai que le texte de Couleurs sur Paris…
    S’il fallait parler de l’époque, je citerais les Lyonnais de Starshooter, bien sûr, mais surtout du plus grand groupe de rock français de tous les temps, cultivant textes profonds noirs et amers, sans qui jamais ni Miossec, Darc en solo ou Dominique A n’auraient pu exister, le groupe qui a à taton marié cette conception ancienne, la chanson, le texte, avec le rock : MARQUIS DE SADE.
    A l’opposé de Jacno, le léger.
    Darc, j’en ai parlé (quand je parle d’un livre de superstition assez ancien mais qui fait référence dans une secte appelée chrétienne, les « évangiles »…). Attention, faut pas me faire dire ce que je ne dis pas : je respecte le travail de Darc. Mais j’ai toujours pensé que le seul, vrai et unique, c’était Jacno.

  • Oui mais non!
    J’ai pas mal fréquenté Daniel Darc en 91-92, a une epoque ou il n’interessait personne et ou il m’interessait encore. je peux t’assurer que son parcours ne doit rien a celui des rennais. Pour l’anecdote je me souviens que lorsque j’avais evoque Marquis de Sade qui avait ete tres important pour moi aussi, il m’avait repondu « Philippe Pascal? C’est un instituteur » (en effet sa profession avant d’integrer MdS).
    « French Paradoxe »? Je garde « le Desamour » en duo avec Helena et sa reprise-hommage a Nino Ferrer. Je te laisse le reste. Je preferais le tres mal produit « T’es loin t’es pres  » et bien sur « Rectangle ».
    Ellie et Jacno dont j’avais offert mes vinyls il y a 10 ans… On ne serait vraiment pas plus de 30 a les acheter s’ils reeditaient ces albums?

    (HS: desole si mon commentaire precedent etait mal venu, je pensais bien faire)

  • Oui mais non!
    J’ai pas mal fréquenté Daniel Darc en 91-92, a une epoque ou il n’interessait personne et ou il m’interessait encore. je peux t’assurer que son parcours ne doit rien a celui des rennais. Pour l’anecdote je me souviens que lorsque j’avais evoque Marquis de Sade qui avait ete tres important pour moi aussi, il m’avait repondu « Philippe Pascal? C’est un instituteur » (en effet sa profession avant d’integrer MdS).
    « French Paradoxe »? Je garde « le Desamour » en duo avec Helena et sa reprise-hommage a Nino Ferrer. Je te laisse le reste. Je preferais le tres mal produit « T’es loin t’es pres  » et bien sur « Rectangle ».
    Ellie et Jacno dont j’avais offert mes vinyls il y a 10 ans… On ne serait vraiment pas plus de 30 a les acheter s’ils reeditaient ces albums?

    (HS: desole si mon commentaire precedent etait mal venu, je pensais bien faire)

    • Je n’oublie pas Oberkampf, je les mets après. Metal Urbain et Stinky Toys, c’est un peu les pionniers… Mais c’est vrai que le texte de Couleurs sur Paris…
      S’il fallait parler de l’époque, je citerais les Lyonnais de Starshooter, bien sûr, mais surtout du plus grand groupe de rock français de tous les temps, cultivant textes profonds noirs et amers, sans qui jamais ni Miossec, Darc en solo ou Dominique A n’auraient pu exister, le groupe qui a à taton marié cette conception ancienne, la chanson, le texte, avec le rock : MARQUIS DE SADE.
      A l’opposé de Jacno, le léger.
      Darc, j’en ai parlé (quand je parle d’un livre de superstition assez ancien mais qui fait référence dans une secte appelée chrétienne, les « évangiles »…). Attention, faut pas me faire dire ce que je ne dis pas : je respecte le travail de Darc. Mais j’ai toujours pensé que le seul, vrai et unique, c’était Jacno.

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