J’aime ce pont, j’aime l’estuaire de la Sumida et j’aime ces tours… Good Luck !
J’ai passé un « week-end » qui s’annonçait cruel. L’action de NOVA n’a cessé de baisser, ell a perdu 1/3 de sa valeur mercredi, de 45 à 30, hier elle se stabilisait, le tout dans un climat animé avec 40 millions de titres échangés en deux jours ! Qui a racheté ???? Ce matin, elle rebaisse encore un peu mais ce n’est pas grand chose… Bref, mercredi s’annonçait pour moi comme une journée sombre, du style « que va t-il m’arriver ? ».
Alors j’ai commencé à réaliser ce projet trop longtemps remis : mettre de l’ordre, nettoyer, déplacer, classer. Le dernière fois remonte à mai-juin. Un grand ménage, quoi ! Petit à petit, alors que la journée avançait, une douce sensation de « rentrée » s’installait, renforcée par le gris du temps, les trois gouttes de pluie… J’ai acheté des produits d’entretiens assez inédits pour moi, pour laver et faire briller le parquet, plus sophistiqués que ceux que j’achetais jusqu’à présent. J’ai lavé sous le tapis, derrière la télé, et puis j’ai rangé le loft hier matin, j’ai mis mes livres sur une étagère après les avoir époussetés, j’ai lavé le filtre de ma hotte, une surractivité appelée faire le ménage et qui faisait sourire ma psy, et dont je comprends aujourd’hui toute la portée. J’ai ainsi non seulement résisté à mon abattement (naturel), mais j’ai également préparé le terrain pour la suite, quelle qu’elle soit. Je n’envisage plus de départ (mon abattement me ramenait à une sorte de fatalité, comme si je devais reproduire les échecs de mes parents, « leur » ménage), mais l’avenir. Quel travail (alimentaire) et quels objectifs (j’ai même pour la première fois regardé le site de l’AFAA pour me renseigner sur les résidences d’artistes. Avant de conclure que je n’aime pas cette aproche artistico-machin du « contact avec une culture étrangère ». Comment un type des classes moyennes cultivées peut-il percevoir le Japon dans un séjour subventionné et dans « un cadre exceptionnel » ?
Non, il faut, comme Nicolas Bouvier, s’y frotter, y avoir mal. Le Japon, c’est un pays pour se faire les dents et pour y vivre. Il faut y ressentir le rejet que l’on provoque quand on dit qu’on y vit et qui est à l’opposé du sourire poli quand on dit qu’on y séjourne, « vous aimez les sushis ? ». Parce que ce rejet, « qu’est ce que vous venez faire là? », il faut bien un jour le (faire) dépasser : au Japon plus qu’ailleurs, il n’y a pas de place pour celui qui n’a pas place. C’est pour ça que les otakus boutonneux des classes moyennes européennes viennent y tromper leur ennui : ici plus qu’ailleurs, on peut se diluer, ne plus être, s’évaporer.
Moi, je ne m’évapore pas. Je suis une altérité, et j’apprends désormais à être vraiment une altérité, à dépasser, mais avec le sourire, en japonais. Je ne demande pas qu’on m’aime car en fait, les Japonais n’aiment personne, que ceux qu’ils connaissent. Le reste est façade, convenance. Et la xénophobie ambiante n’est finalement qu’un aspect de cette intimité barricadée qui les caractérise. Les Japonais ont peur des autres, tous les autres.
Asakusa, avant ma visite à la galerie EF, où est l’expo de Joelle jusqu’à dimanche
Reste qu’il m’arrive de débarquer avec mon « altérité », et de les bousculer un peu, et finalement décrocher LE sourire qui me semble sincère… Comme celui de cette petite fille qui a eu peur en me voyant et s’est réfugiée, apeurée, dans les bras de sa mère, à Takamatsu, dans le Tokoden (sorte de train tramway). Sa maman lui a parlé, elle a évité mon regard. La petite s’est calmée, m’a regardé en cachette. J’ai joué le jeu et j’en ai fait autant, et elle a commencé à sourire, alors, ses soeurs, la mère aussi, ont presque eu un comportement de jalousie à l’égard de la petite fille car nous commencions à nous sourire. J’ai parlé à Jun et j’ai vu que mes voisines étaient surprises de m’entendre parler en japonais. J’ai eu droit à de jolis sourires jusqu’à ma sortie. Pour sûr, le père a eu entendre parler de « l’étranger » apperçu dans le train… J’apprends à m’amuser de cela.
Les Japonais sont de grands timides.
Il m’arrive de causer avec des vieux, c’est étonnant comme ils aiment causer. Seul problème, ils oublient alors que vous êtes étranger et vous parlent à une vitesse…
Une exposition interactive.
J’ai loupé le vernissage de l’exposition ABSTRACT de Joêlle, j’y suis donc allé hier. Désolé, Joêlle…