Temps gris sur Paris, temps froid. Je me suis couché tard hier soir : j’ai regardé Rampo, le film de Okayama (Shôchiku, 1994) basé sur le personnage de Rampo, son roman La proie et l’ombre, ainsi que les thèmes récurant, comme le voyeurisme, la place des rêves et des fantasmes effrayants. Je crois avoir vu ce film au moins 40/50 fois ! Mais cela faisait longtemps, et ça m’a fait très plaisir de le revoir car c’est aussi un film intelligent qui mêle à l’histoire un fond historico-politique très lucide, le totalitarisme militaire qui s’installe, l’aveuglement d’élites décadentes et frivoles (portant des masques lors du bal « Fantomas »), la mort qui rode dans ce climat déliquescent (la projection chez le marquis et le poême d’Edgard Poe). Et puis Rampo, l' »homme de Taishô », japonais et cultivé, et cette promenade au Gongen-ji, véritable carte postale d’adieu d’un Japon qui va être balayé par le militarisme d’abord, puis par le napalm américain (les images de la fin, sorte de cauchemard où tout semble emporté par le feu, les explosions…). Que de sensations. Et on fnit finalement très proche de cet état de malaise qui émane des romans de Rampo. On est frustré car nous avons assisté, passif, à un échouage (L’Ile Panorama, La proie et l’ombre…).
Bref, je me suis levé ce matin à 9h00. Déjeuné. Appelé Manpower qui me propose une missioon de 6 semaine, enchainée d’un CDD de 3 mois puis d’un CDI. Bref, chômage en avril… J’ai dit oui mais c’est pas top. D’un autre côté, le Japon, en avril, ça peut être sympa… On va voir. De toute façon demain j’ai aussi un entretien pour travailler… au Japon. Je finis l’année en balayant très large. Cette histoire de travail, ça me fiche le bourdon.
Tout à l’heure je retourne à Barbès, j’ai rendez-vous avec Odile. On déjeune ensemble. Est-ce que je ne préfèrerais pas retourner travailler là-bas, la planque ? En attendant de repartir ? En tout cas, malgré le fait que je ne veuille voir personne, ça me fait tout de même plaisir de revoir un peu tout le monde. Il parait que je manque… ça fait plaisir.
Il n’y a qu’un endroit, où je ne manque pas. Mais je crois que je digère. Je crois même que c’est déjà digéré. Qu’est-ce qui m’est donc arrivé. Car ce n’est pas de l’amour, c’est une sensation d’amour, une nostalgie d’amour. Oh, c’est peut être ça, aussi, l’amour… J’en tire toutefois cette bonne nouvelle : j’ai encore AUSSI ces sentiments en moi. Et ça faisait longtemps, et c’est venu très fort sans que je vienne venir. Sans que j’y pense, comme ça. Un regret de l’absence, une indifférence attentive, amusée. Presque même un désir de séparation et de retrouvaille, Barbara, La ligne droite. Ce type de sentiment, ça faisait longtemps. Ca faisait même jamais. D’habitude, je voulais posséder. Je ne (me) demandais qu’à le voir, l’écouter. Mais je crois que j’étais aussi fatigué de plein de choses et que mes esprits se sont échauffés. C’est un peu bête, ça. Mais si habituellement un « échec » (et y a t’il échec puisqu’il n’y a rien eu, qu’une envie d’avoir) me laissait ruiné, aigri par moi-même, rien à voir cette fois-ci. J’ai plutôt le sentiment d’avoir été un peu con, un peu bête, et d’avoir joué avec moi-même. Mais je crois que dans le fond il y a quelque chose comme une part ancienne de moi-même qui m’attire vers ce genre de garçon. Et que je dois par conséquent le fuir. A une époque, pour « oublier », je me faisais une période de sortie et de sexe.
Bof. Là j’ai juste envie de reprendre l’avion. C’est très différent. Non ?
France Culture, ce matin, une émission sur le Paricide au 19ème siècle. Je l’ai écoutée avant d’écrire sur ce blog. Je n’ai plus envie de travailler en bureau. Je veux travailler pour moi. Je veux vous raconter des histoires qui ne sont pas mon histoire, mais juste des histoires qui prennent leur racine dans le monde, c’est à dire en vous, et en moi. Et par moi. Qu’est ce que c’est compliqué, alors.
Il parait que le blog est à la mode. Et qu’en ce moment le sujet « brulant » est l’empoisonnement du (excusez, son nom m’échappe) candidat aux présidentielle d’Ukraine. Si ça vous chante d’avoir mon point de vue, il y a dans le 15ème une rue, et un célèbre café où nous pouvons nous retrouver, au comptoir. J’apporte Le Parisien, vous rapportez Le Monde, et puis on en causera. Au 3ème verre, on devra bien avoir une idée très précise, que dis-je une conviction!, sur ce sujet parait il sensible.
Je limiterais pour ma part cette histoire à un fait divers qui aurait toute sa place dans un bon roman. Pas un truc essentiel (ça c’est pour les romans d’espionnage), non, juste le genre de truc qui passe en fond, à la radio, « les différentes expertises médicales mettent bien en évidence un empoisonnement à la dioxine, une correspondance de Mireille Machin, « oui tout à fait, on a beaucoup parlé de..(image d’une prise de sang, interview d’un médecin Autrichien doublé, « …mettent bien en évidence un empoisonnement à la dioxine »)… qui mettent en évidence un empoisonnement à la dioxine », merci Mireille. Cet emoisonnement… en évidence un empoisonnement à la dioxine. Changement de sujet, nous allons dans le Sud Ouest avec l’ouverture du Marché aux Truffes… blablabla ».
Mais finalement, qui se soucie VRAIMENT de ce sujet, de sa signification réelle là bas comme ici, sur ce qu’est l’exercice du pouvoir, qui recoupe ce type de contrôle « à l’ancienne » avec celle de procédés plus moderne (l’usage des médias, par exemple, comme l’affaire Lewinsky ou plus récemment les rumeurs sur la lâcheté de Kerry, ou encore ces reportages sur l’insécurité en France à la veille de la présidentielle…). Non, personne ne s’en soucie, parce que c’est loin et que, « ma bonne dame » « dans ces pays là, vous savez… »
A voté!
Bon, je me prépare, je dois être à Barbès vers 11h30.