Le titre de ce poste est grammaticalement parfait. Je me suis foule le pied samedi soir dans le grand escalier du metro qui descend sur la ligne Tozai, a Nihonbashi. C’est le pied. Parallelement, j’ai perdu mon « nouveau travail » (et en fait, ca me ravi…). Bref, ce n’est pas le pied. Donc, c’est le pied mais ce n’est pas le pied. Je remplace le deuxieme pied par un pronom et cela cree un truc bizarre (Boris Vian, grand specialiste et maitre pataphysicien, en a produit un grand nombre dans l’ecume des jours, sous forme de zeugme, produisant un effet de mal de mer assez prononce par moment…). Le francais, c’est une langue ou la grammaire n’a de raison que pour produire du sens (semantique). La grammaire est la base meme de notre langue. J’ecoutait sur France Culture un ecrivain rappeler que pour Shakespeare, on peut trouver des centaines de noms de fleurs quand chez Racine on se contentera du simple nom de fleur. Et que pourtant c’est chez Racine que la langue se deploiera dans toute sa saveur. Lisez Proust, le vocabulaire ne represente pas la difficulte principale. Peut etre meme vaut-il mieux bien d’abord maitriser l’histoire de l’art, l’histoire politique ou l’histoire sociale avant le vocabulaire. Mais si vous ne maitrisez pas la ponctuation; mais si l’art des transitions et des outils de respiration vous est etranger; mais si la grammaire, cette boite a outil du sens, vous est peu familiere, alors, oui, alors, vous voila devenu infirme dans cet univers qui vous depasse. Cet univers de la couleur et de l’infinite de nuance de l’ecrivain. Et vous voila tel un aveugle, incapable de distinguer les formes qui se cachent derrieres des ombres et des lumieres que vous ne percevrez que comme de nouvelles complications. Je dis Proust, mais il en serait de meme avec Gide ou Balzac, Genet ou Duras. Ah, Duras, comprendre les silences qui se cachent derriere les mots de ses Barrages contre le Pacifique…
Le temps passe et le train aussi. Le prix du petrole est monte de trois dollars et mon frere au 5eme etage. Elle avait mis la table et une robe rouge fushia. J’ai devore le journal et un gateau en tapant un courrier et la joue du gamin qui n’arretait pas de me faire marcher du cerveau et dans la rue.
Grammaticalement parfait.
Bref, c’est le pied mais ca ne l’est pas.
Je vous raconterai plus tard.
J’ai donc une jolie entorse (je suis victime d’une entorse au pied et au reglement, ha ha ha) et je n’ai plus de travail (en fait, si, ca arrive doucement). Et le soir ou j’ai appris qu’ »on ne voulait plus de moi », j’en ai oublie mon velo devant Maruetsu. Et il s’est donc fait embarque par la fourriere…
Mauvaise semaine… « sombre dimanche », disait Damia.
La nouvelle semaine commence beaucoup mieux : NOVA fait officiellement faillite le 30 novembre. D’ici 6 mois, je vais recevoir 80% de 3 mois de salaires impayes (sept, oct et nov…). Je ne pensais pas perdre mon travail, mais bon, ce n’est pas grave : j’ai pris un credit (que je rembourserai quand arrivera la fameuse somme, assez consequente) et j’ai achete un nouvel ordinateur.
Ca fera sourire mes amis…
Un imac 20′ 2,4 mhz avec clavier et souris bluetooth… Il devait incarner le nouveau palier, la nouvelle etape… pas grave, une etape nouvelle a bel et bien ete franchie. Du coup, ne m’en veuillez pas de mon orthographe : je ne peux plus ecrire les accents. Je pourrais avoir recours au correcteur automatique, mais alors c’est pire : les accents lies a la grammaire disparaissent (sur les a, les ou, les e des participes passes…) et cela me semble encore pire pour la raison expliquee plus haut.
J’ai un nouveau mac… je garde l’ancien bien sur. Mais ses delais de traitement pour les photos, les videos, ses difficultes aussi a traiter plusieurs taches lourdes… Ca m’a fait bizarre, cette grande boite qui est arrivee le premier jour de chomage… Et puis non, je ne suis coupable de rien, et ca ne change rien au fait que j’attends beaucoup d’argent das quelques mois. Bref, le chomage a casse la frime, il me reste l’outil, superbe, rapide. Et les albums photos a venir, les videos, etc. Ouvrir iPhoto prenait parfois 3 minutes (j’en stocke environ 22.000) et corriger une photo declenchait parfois le petit moulinet orange… Ouvrir iTunes prenait une minute (60 Go) et alors, les deux applis en meme temps, en surfant sur le net et en compressant une video (eh oui, il m’arrive de faire tout ca a la fois…), ben… La, c’est incroyable, c’est vraiment instantane !
Mon licenciment ne m’a pas empeche d’aller me promener a Takao. Il faisait beau, tres beau meme. Takao, ce n’est pas bien loin, une heure de train a tout casser, mais c’est deja la campagne, et puis c’est une grande promenade sympathique, un vague cote initiatique : le mont monte, monte, monte… On est au milieu d’une foret, on oublie la ville et ne pense qu’a monter, monter, monter… ca ne s’arrete pas. Nous avons emprunter a l’aller comme au retour d’autres chemins, plus « aventureux », et c’est vrai que celui du retour (la route numero 3) ressemble bel et bien a une aventure. Nous avons pu admirer les premiers erables rouges (紅葉), j’ai repense a Kyoto il y a trois ans. Oui, il y a deja trois ans…
Je pense que c’est cette promenade qui a sensibilise mes chevilles. Et ce sont mes soucis professionels qui m’ont distrait l’espace d’une seconde. Mon corp s’est rappele a mon esprit : redescend sur terre… Mon pied a trinque mais quand j’y repense, j’ai vraiment loupe une marche et j’aurais pu me faire tres mal dans ce tres grand escalier… Alors, une foulure…
J’ai recu hier la decision finale du directeur. Il « ne peut pas me garder ». C’est interessant car pour tout dire, si je ne m’etais pas tordu le pied, c’est moi qui comptais lui ecrire : je ne voulais pas rester. J’aurais du me fier a mon instinct : il n’y avais pas de lumiere dans l’ecole la premiere fois ou j’y suis alle. C’est lui qui m’a contacte et recontacte, vu ce que devenait Nova, j’ai dit oui. Et puis j’etais fatigue de courir apres les recruteurs. Je voulais tenter autre chose. Je n’ai pas eu tort et pour tout dire, je n’ai pas le sentiment d’avoir failli. J’ai fait comme j’ai pu avec le temps qui m’a ete imparti, le quasi non-training et le manuel qui n’en est pas un que l’on utilise dans cette ecole, ainsi que la methode d’enseignement contraire a des principes elementaires de FLE (a cet egard, malgre son format tres batard, NOVA en etait bien plus respectueux, et cela n’empechait pas les etudiants de parler environ 60/70% du temps, et sans avoir recours au japonais). Je suis persuade d’avoir fait de bonnes lecons les deux derniers jours (soit les 9emes et 10emes jours). Comme chaque classe est unique et ne vient qu’une fois par semaine, je ne sais pas bien comment il eut pu en etre autrement… Le directeur a demande aux etudiants s’ils voulaient continuer avec moi. J’avoue que c’est sur ce point que ma decision de ne pas travailler dans une telle ecole a ete prise. Meme a Nova, je n’ai jamais entendu parler d’un tel truc… Il m’est arrive de faire des mauvaises lecons. Mon chef, Christophe, me prenait a part. On demontat mon plan de cours, on traquait l’erreur : trop de vocabulaire, pas assez d’exercice, objectif de communication (c’etait le but de NOVA) trop flou, plan de lecon mal maitrise… Eh bien meme apres ce genre de moment laborieux, vexant, fatiguant, Christophe trouvait toujours le moyen de me dire qu’il avait malgre tout aime tel ou tel truc, que mon appli etait bien trouvee, que tel autre cours etait vivant. Je n’ai pas eu droit a cela.
C’etait une ecole avec Cherie FM en fond sonore dans l’entree. Ou de l’accordeon.
Je n’ai aucun regret. Cette parenthese m’a permis de sortir de la « fin de NOVA ». Et puis un autre ex-NOVA, parti lui en septembre, a ete licencie de son nouveau travail une semaine avant. Il est en proces, lui. Nous soupsonnons vaguement sa patronne de ne l’avoir embauche que pour coucher avec lui. Et comme il est PD…
Il y a une abondance de profs disponibles, certains en profitent. Mais les specialistes s’accordent a dire que l’an prochain, c’est le contraire qui est a redouter : NOVA etait le robinet a visas…
Pendant que je vous ecrit, il y a de l’eau glacee qui degouline le long de mon pied… J’ai visite un hopital pour la premiere fois. L’hopital de Kasai est grand, vaste et clair, moderne. Je pense que des chambres ont peut y voir la baie. J’ai paye les frais d’inscription de 2.100 yens, mais le reste des soins etaient tres abordable. C’est remarquablement propre, tres bien equipe. On m’a donne des medicaments : je pense qu’en France on m’aurait donne les memes (un anti-inflammatoire non-steroidien et un inhibiteur de la pompe a proton COX2 pour eviter que l’anti-inflammatoire ne detraque l’estomac). Je ne peux pas prendre l’imhibiteur (qui est incompatible avec mon traitement). Et une bande compresse pour maintenir le pied. Je vais deja beaucoup mieux.
Alors, que me reserve donc cette semaine…
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