Le Blog de Suppaiku, journal bloggué de Madjid Ben Chikh, à Tokyo.

Après le typhon, après le tremblement de terre…


Bon, oui, je suis d’accord, je n’ai pas beaucoup écrit depuis une semaine… Et pourtant, il s’en sont passés, des choses, par ici. A propos du tremblement de terre, comme je le disais à mon ami Alain dans un mail cette semaine,
« Moi aussi, je dois aller à la gymnastique. Ici, malgré le passage d’un typhon ce week end, la température a fortement chuté et il doit ne faire plus que 22/23°… La semaine dernière, malgré l’humidité, il devait bien faire en moyenne 25° la nuit et 28 le jour… Cela étant, il semblerait que ça va remonter. En tout cas, aujourd’hui, il fait gris.
La saison des pluies ne devrait pas tarder à s’achever et laisser leur place aux grandes chaleurs de l’été.
J’ai été mal à l’aise toute la journée de lundi, en fait, et à l’affût de la moindre oscilation. J’ai été très impressionné par la secousse de lundi matin. Habituellement, en effet, les secousses ne sont qu’horizontales, un peu comme si tout autours de soi était monté sur roulettes et se mettait à bouger. Ce genre de secousse, bien qu’impressionnante la première fois, n’est pas trop dangereuse et n’est pas caractéristique des grands tremblements de terre. La première fois où j’ai ressenti cela, c’était dans un grand Starbuck. Tout le monde s’est tu deux trois secondes le temps d’évaluer la menace. Puis la vie est repartie. Je n’ai pas eu peur… Il y a deux semaines, dans l’immeuble où je travaille, idem. L’immeuble est élastique et on l’a bien ressenti. Ca a bien secoué mais c’était toujours ce côté « sur roulette ».
Là, ça a été très différent. Et nous aussi, comme les animaux, on doit avoir des capteurs de ce truc là, il y avait comme une sorte de grand silence, je ne peut pas expliquer. J’étais avec une élève, elle a ressenti avant moi. Cette fois ce n’était pas horizontal, mais plutôt comme du « flottement », on voyait son parabluie osciller (posé sur un boin de la table), sa boisson osciller, et puis ça s’est intensifié, mais toujours comme du flottement bref, vertical. Là, j’ai commencé à avoir peur, et tout le monde à l’étage aussi. Il y a comme une gène : on se met sous la table, ou pas ? Ca a duré une minute. Il n’était pas violent à Tokyo, mais cela étant, très impressionnant.
Les Japonais ont raison d’avoir une autre échelle que Richter : mesurer l’énergie libérée par le seïsme est bon pour les scientifiques. Mais rien n’est comprarable entre une magnitude 7 à 20 km de profondeur et 7 à 100 km… Les Japonais mesurent donc à l’aide des effets visibles et ressentis.
Ce seïsme, bien que seulement de 6,8, était extrèmement violent puisque c’était un 6 fort selon l’échelle japonaise comprenant 7 degrés. A Tôkyô, c’était 3 : on a peur, certaines personnes veulent sortir, on sent les choses bouger autours de soi. A partir de 6, les vieilles maisons sont endommagées et peuvent tomber, certains immeubles sont touchés. A 7, même le béton renforcé peut céder sous les contraintes. A partir de 5, on tient de plus en plus mal debout et à 7 on tombe où qu’on se trouve.
Je n’ai pas le détail, ce que je sais c’est que l’épicentre était à 20 km en mer, ce qui est proche. Il devait aussi être peu profond car il a donné à plein. Il n’y a pas longtemps, il y a eu un 6,6 pas loin de Tôkyô, ça a donné une force 3 sur l’échelle japonaise : il était à plus de 100 km de profondeur.
Je suis allé à une exposition Le Corbusier lundi soir et je me suis souvenu d’une promenade un dimanche après-midi dans le 16ème, il faisait très beau et un couple aristo-bourge achetait une poignée de ci et une pincée de ça dans une supérette. Nous avions parcouru le quartier, rue Mallet-Stevens ici, Fondation Le Corbusier là…
Joëlle fait sa première exposition à Tôkyô dans deux semaines. C’est fou ce que je vois Joëlle depuis que je suis à Tôkyô… Et ça me fait plaisir de la voir, je pense à vous tous… »
Voilà. Sinon, timidement, je me remets à faire, honteusement, du japonais, en rabaissant mon niveau : j’ai perdu beaucoup de vocabulaire et, si je suis capable désormais de faire de longues phrases, mes structures sont devenues imprecises et je ne pourrais guère progresser dans ces conditions là. Bref, je me mets à un niveau inférieur au JLPT3, que je possède pourtant (haut la main!).
J’ai beaucoup téléphoné, cette semaine. A Tarika, au Portugal, ou à ma mère. La semaine dernière à des collègues de BNP Paribas.
J’ai changé la vidéo musicale. Mary goes round est, avec 2 ou tros autres morceaux « pop », chez moi, la fin d’une époque, la fin d’un rêve, mais aussi la fin de ce que j’appelle les « vraies années 90 », celles commencées au détours des années 85/87 et qui se sont achevées dans les dunes du désert Irakien en janvier 1991. A Paris, les années 80 « cinquantisantes » (mode) et « vingtisantes » (esthétique) cédaient la place au double mouvement « soixantisant pop » (mode) et « baroquisant » (esthétique). Deux « évènement symboles » : en 1984, dans la foulée de l’Acid’rendez vous de Nouma Roda-Gil, toute la « bande » psyché/psycho s’était retrouvée à la Porte de Versaille pour le concert des Smith avec les Rita Mitsuko en première partie. La première osmose « love » des 80’s, je pense, avec brassées de roses de Morrisey et défilé de mode « pop » de Chachnil et des boys simili Beattles version Sergent Pepper. Chemises à fleurs, grands cols… le public n’en revenait pas de voir une cinquantaine de personnes aux antipodes de l’esthétique dominante ! C’est à cette époque qu’est sortie l’OVNI musical The Dukes of Stratosphere (en fait XTC), sommum néo-psychédélique avec effets stéréos… Le deuxième évènement fut la représentation (recréation depuis 300 ans) de l’Opéra Atys, de Lully par Les Arts Florissants et le ballet de Bagouet. Le public découvrait en fait l’aboutissement de 30 ans de travail de recherche sur cette musique « baroque » oubliée et « romantisée » quand elle avait été redécouverte. Les sonorités des instruments anciens étaient « acides », les rythmes réapparaissait : Paris fut conquit et d’un seul coup le design se refit courbe après une décennie d’angles aigus. Politiquement, l’arrivée de Gorbatchev et la domination socialiste Mitterrandienne sur la construction Européenne semblaient autoriser les rêves les plus fous : un monde sans l’Amérique, bâti sur le droit.
Londres inaugura l’ère des summers of Love. Nous étions de nouveaux Hyppies, et cette fois-ci nous serions le nombre. Je me laissais pousser les cheveux, je roulais à vélo : c’est à cette époque que nous naquirent, nous les « décallés » que les sociologues appelèrent plus tard les « bobos ». Nous aimions les vieux cafés, nous courions les guinguettes sur la Marne. Mary goes round raconte tout ça. C’est aussi les dernier disque de pop que j’ai acheté. J’ai survécu au cul de siècle dans lequel nous sommes tombés en 1991 en écoutant de la salsa (Paris Latin Salsa !) et bien plus encore de la musique baroque. J’ai craqué 6 mois sur le bebop. J’ai dévoré des livres, des classiques, j’ai couru les expos, et oublié le pop. Vers 94, je me contentais de musiques légères, ce que certains appelèrent easy listening, après avoir revisité les 80’s le temps de quelques mois très… Spont’ex! C’était en fait les 2000’s qui pointaient le bout de leur nez. J’ai détesté les platform’ boots des années 93/97.
Voilà, je vous laisse avec Mary’s Garden, ultime comète de nos belles années 90, sorti fin 89. Ah oui, c’est un groupe parisien dont les membres racontent aussi très bien « nos » eightees.

Partager

Commentaires

6 réponses à “Après le typhon, après le tremblement de terre…”

  1. C’est bien la peine de vivre au Japon pour régresser en japonais ! Ils ne donnent pas des cours de japonais… à Nova ? (^v^)

  2. C’est bien la peine de vivre au Japon pour régresser en japonais ! Ils ne donnent pas des cours de japonais… à Nova ? (^v^)

  3. Ce matin je reçois un livre du Japon et je tombe complètement par hasard sur ce texte. J’ai du le relire plusieurs fois tellement certaines choses me troublent. J’ aurais pu en écrire certains passages. Il faut dire que j’ ai été 50% de Mary Goes Round. Tu as tout compris, a tel point que je me demande si on se connait.
    Merci !

  4. Ce matin je reçois un livre du Japon et je tombe complètement par hasard sur ce texte. J’ai du le relire plusieurs fois tellement certaines choses me troublent. J’ aurais pu en écrire certains passages. Il faut dire que j’ ai été 50% de Mary Goes Round. Tu as tout compris, a tel point que je me demande si on se connait.
    Merci !

  5. Merci Cécile…
    Je ne crois pas qu’on se soit connus mais nous avons habités Paris à la même époque. J’ai vu Les Brigades Inernationales 3 ou quatres fois, peut être…
    A bientôt, qui sait…

  6. Merci Cécile…
    Je ne crois pas qu’on se soit connus mais nous avons habités Paris à la même époque. J’ai vu Les Brigades Inernationales 3 ou quatres fois, peut être…
    A bientôt, qui sait…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *