Finalement, donc, j’ai retrouvé ce laisser passer tant recherché pendant 3 jours. Un coup d’inspiration, comme ça, vers les 10 h 30 du matin, ce vendredi. Peut être mon voeux de la veille à Kitano tenmangu qui s’est réalisé… Immédiatement appelé Tomo, envoyé un mail à Mégumi puis à quelques amis…
« Un demon pas trop mechant m’avait fait une farce. la couverture d’un livre s’etait dedoublee, cachant mon pass… ca peut etre aussi un esprit gentil car cela m’a fait reflechir et j’ai ete rendre visite a quelques divinites hier avec humilite. Il m’ont inspire le recheck de ce matin. Je pars pour Tokyo retrouver Megumi et Tomo. Chaleur, Je suis content car malgre la « perte » du pass j’ai passe deux bonnes journees. Je suis maintenant dans le shinkansen. bises »
Retrouver le shinkansen, arriver à Tôkyô, quelle excitation… Je suis arrivé vers 14 heures trente, le temps de filer vers Ueno réserver une chambre d’hotel, me délester un peu aussi de quelques affaires, et hop il était l’heure plus que pressante de déjeuner, ce que je fis dans un sushi-ya que j’aime bien fréquenter quand je suis à Tôkyô. L’agitation du quartier de Ueno est revigorante, c’est un quartier totalement passé de mode mais pourtant très actif, rigolo et qui fleure bien les années 50 à de mains égards : ici, on mange beaucoup pour pas cher, c’est ce qui en fit la réputation après la guerre. Mon hotel, lui, m’a tout de même coûté un certain prix, environ JPY 10 000 (voir photo dans mon site). Sushis (mes premiers depuis mon arrivée il y a 3 semaines), conversation avec le sushi-ya san étonné de voir un vacancier parler japonais… Médicaments.
Marche dans le quartier, chaleur assez écrasante, j’ai acheté une casquette sympa qui, parait il, allait bien avec ma chemise et me donnait des allures de chinpira rétro (effet recherché pour tout dire). Puis train vers Akihabara et en route vers Shinjuku où j’avais rendez vous avec Tomo, pas revu depuis le mois de janvier. On a pas mal bavardé, silloné ce quartier qu’il m’avoua ne fréquenter que pour acheter des livres (il habite vers Yokohama). Toujours célibataire aussi, Tomo. Il continue sa carrière dans le vin, vient de donner un nom à un vin que sa société a créé spécialement (Languedoc), un nom très marketing, français et qui marchera certainement. Je ne pense pas toutefois avoir le droit de le donner pour le moment…
Megumi nous a mailé qu’elle arriverait en retard, alors nous avons changé de bar, marché et stoppé dans un izakaya de style populaire, pas très fameux pour tout dire, sauf le poisson grillé. Là, j’ai fait une découverte intéresante. Au Japon, en automne, on mange un long poisson que l’on grille, sanma (pas trouvable en France), absoluement succulent. Eh bien, c’est ce poisson qui donne son titre au dernier film de Ozu, 秋刀魚の味(sanma no aji), traduit en français par « le goût du sake ». Quelle connerie, les traductions, alors… Du sake, on en boit toute sa vie… Mais ce poisson on ne le mange que quand vient l’automne. Comme l’histoire de ce père qui aime sa fille et comprend qu’elle ne pourra toujours s’occuper de lui, qu’il est temps qu’elle parte et fasse sa vie, se marie enfin. L’automne de sa vie et bientôt la solitude de l’hivers… C’est autrement plus poêtique que cette histoire d’alcool qui ne rîme à rien, non ?
Nous avons retrouvé Megumi vers 21 heures et filé tout droit au 5ème étage d’un immeuble, mangé de bonnes choses dont je ne me souviens plus le nom (notamment du poulet cuit dans du miso sur une très large feuille). L’endroit était sympa, nous avions un petit salon pour nous. On a commandé un très grand pichet de bière, une très très grosse chope munie d’un capuchon verseur. Un litre ? Un litre et demi ?
On s’est quitté car il le faut bien et pour ma part je me suis dirigé vers Shinjuku. Megumi pense venir quelques jours en France l’an prochain.
Shinjuku, un peu alcoolisé je dois dire. Je me suis dirigé vers le quartier gay où je me suis retrouvé dans un bar que j’aime guère, mais en fait je ne pensais qu’y prendre un verre. J’en ai enfilé un 2ème et ai été accosté par un gars en costume d’environ 25/30 ans, on a bavardé. Il m’a abandonné un moment et, alors que je prenais au comptoir ma troisème bière on m’a parlé en français, un visage que je connaissais, ma foi… On bavarde, lui aussi se souvient vaguement… bon en fait, et je ne crois pas me tromper, on est sorti ensemble il y a environ 10 ans… Un parisien rencontré au Dupleix et qui travaille ici depuis 8 ans pour « je le vaux bien ». On bavarde, lui un peu revenu du Japon, de la taille du sexe des Japonais en particulier et de leur attitude au lit. Bref, il préfère les gars bien dotés et qui savent quoi faire avec, en gros… Ca m’a fait rire, notamment quand il m’a dit que les Australiens sont bien pourvus et que ce doit être parce que ce sont des descendants de forçats… Je préfère les Japonais, chez moi ça remonte à l’enfance, mais c’est vrai que ma préférence est plus sentimentale que… pratique. Faut voir. On décide de quitter la crémerie et nous allons dans une autre. Pour ma part, j’habiterai Tôkyô je fréquenterais assez peu Shinjuku. J’avoue aussi fuir les Japonais à Occidentaux, mais : peut on y échapper ? Marrant, cette mentalité… Dans l’autre bar, une musique pire qu’au Dépôt le samedi soir (faudra qu’on m’explique en quoi la musique du Dépôt est bonne, au passage, une vrai boîte de chiottes). Je bois encore (mal de têêêêêêête, le samedi…). Bref, bien éméché mais encore debout, on a filé vers un autre endroit. Moi, je suivais, ne sachant pas du tout vers quoi. Il devait être dans les 3/4 heures.
Là, j’ai découvert une spécificité japonaise appliquée à la vie gay, aux sex clubs, et aux saunas en particulier. Je raconte pas, j’aurai l’occasion de raconter une autre fois, mais disons que… oh, et puis si, je raconte ! Au Japon, on habite loin du centre, en général, mais on aime bien sortir. Il y a ainsi toute une industrie du sommeil, dont notamment les love hotels, les bars à cabine privée, les capsules hotel, etc… Eh bien, dans ce sauna gay hyper moderne, équipé de cabines de bronzage, bar, hammam, saunas, etc, il y a aussi un étage de chambres particulières (où l’on peut aller avec son compagnon du soir où celui rencontré au détour d’un bain bouillant relaxant ou au sortir du sauna norvégien) et, c’est là pour moi mon plus gros choc « existentiel », un étage de dortoir immense… Climatisé, propre… on avance, il fait très sombre, on entend les ronflements et on devine des attouchements dans ces ombres sur les lits… étonnant. On dort, essentiellement, mais ça pelote aussi visiblement pas mal ! Ce pays m’hallucine. Totalement. J’ai continué ma conversation avec ? (me rappelle plus son prénom, il me faudrait mon journal, ce doit être dedans), il part et deux minutes plus tard je me retrouve à bavarder avec un petit gars, un architecte italien vivant en Corée… Bienvenue à Tôkyô. J’étais fait, donc j’ai parlé cinéma et architecture (le film de Duvivier l’inhumaine, décors de Mallet Stievens), sans me soucier le moins du monde qu’il voulait peut être autre chose. Je suis parti vers 5 heures 30/ 6 heures et j’ai pu voir, souriant, le visage de Shinjuku au petit matin, à l’heure des premiers trains. J’ai filé vers mon hotel, préoccupé de dormir un peu. Train, hotel, dodo. Quel samedi… Je me suis réveillé avec une gueule de bois… Mais j’ai passé ma meilleurs soirée gay depuis mon retour d’Angleterre en 2000…
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