Le Blog de Suppaiku, journal bloggué de Madjid Ben Chikh, à Tokyo.

Tokyo, Primidi 1er Pluviose 217


Et nous voila en Pluviose…
Aujourd’hui, j’ai retrouve une ancienne eleve de Nova Ginza, Marie. Elle lit mon blog et apprecie particulierement mes photos des quartiers est de la capitale : elle m’a propose que nous nous retrouvions et nous promenions dans un quartier de mon choix. J’ai propose Kayabachou pour le rendez-vous, et de la nous avons marche vers la Sumida puis sommes remontes vers Ningyouchou ou nous avons dejeune/goute d’un senzai (quelques mochis frais et mochis grilles, 1 marron dans une sauce de haricots rouges azuki sucree, la photo) en buvant du the dans une petite boutique de the qui parfume le quartier des douces effluves grillees du houji-cha maison… Ce type de magasin est au the ce que la brulerie de cafe est au cafe : on ne peut pas y resister…
Nous avons continue la promenade, plus vers l’ouest jusque vers Ueno. Ce sont des quartiers ou elle ne va jamais. Elle etait ravie, et nous avons dors et deja prevu une autre promenade.
Nous nous sommes depeches d’aller a Shibuya ou nous avions prevu de voir le film PARIS, de Cedric Klapish, mais la sceance etait complete. Nous nous sommes replie au cafe des Deux Magots a Bunkamura. Le croque monsieur est moins que moyen : mediocre. L’expresso est delicieux.
Nous avons enormement bavarde. J’ai exprime mes points de vue avec beaucoup de franchise et Marie m’est apparue comme une personne qui souhaite que le pays s’ouvre plus, echange au vrai sens du terme (prendre et recevoir pour (se) transformer et (s’) enchirir reciproquement. Si parfois je m’exprime de maniere violente quand a ce que je vois et entend ici, je sais aussi ne pas tomber dans le piege du systematisme. Je sais pertinament que ce pays est partage de points de vue contradictoires et qu’une forte minorite aimerait reprendre la direction d’une plus grande ouverture avec le sentiment d’avoir aussi quelque chose a y gagner. De mon cote, en exprimant parfois mes agacements, je ne peux que mieux ressentir aussi a quel point il est difficile quand on est un « blanc occidental » d’etre traite comme un negre Africain dans un pays « developpe ». On hurle au genie quand on voit Obama, mais notre suprematie, notre suffisance, nous ne voulons la conceder pour rien au monde et ne concevons l’egalite que comme une elevation des autres a notre niveau, jamais comme une remise en cause dudit niveau. Apres tout, tout bien pese, mon niveau reel de japonais n’est-il pas equivalent du niveau de francais d’une femme de menage portugaise des annees 70 ? De quel droit pourrais-je pretendre a faire une carriere valorisante au Japon avec un niveau s’apparantant a de l’illetrisme ? Et encore, je fais partie de ceux qui peuvent lire un peu (avec 7/800 kanjis), ecrire soi-meme ses formulaires administratifs, avoir des conversation simple meme sur des sujets compliques… Intermediaire, quoi. La seule difference avec la femme de menage portugaise est que mon niveau dans ma propre langue est un niveau superieur, avec un bon maniment de certains concepts et une connaissance suffisante de mon ignorance totale concernant certains champs de la connaissance… ca evite le cafe du commerce). Mais « intermediaire », ce n’est qu’ »intermediaire ».
Et encore fais-je parti du « haut du panier », ceux qui se debrouillent quand meme. La grande majorite des etrangers occidentaux, ici, ne font aucun effort et voudraient etre traites « en egaux ». C’est ca, la suffisance occidentale. Dans un pays comme le Japon, ca ne prend pas. Car le Japon est un pays developpe: on n’a pas besoin de nous.
Et c’est la que je peux reprendre mes critiques et ou Marie manifeste les siennes. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas besoins d’etrangers qu’il n’en faut pas. La France n’a pas besoin d’etrangers (version utilitariste, Le Pen), or, les etrangers apportent de la culture, un regard different, une sensibilite, de la gastronomie, des enthousiasmes, des savoirs faire. Une alterite bienfaisante. Je l’ai toujours pense pour la France, je le pense pour le Japon. En limitant sa politique d’immigration au stricte minimum, le Japon se prive de beaucoup de richesse pour lui-meme. Car si ce pays admet les etrangers « utiles » (et a qui personne ne demande de parler japonais), tout se omplique pour les etrangers qui parlent japonais et qui sont ici par passions. Il y aura toujours quelqu’un pour vous faire remarquer que parfois, on ne vous comprend pas, que votre niveau est excellent, mais… bref, on vous fera remarquer que vous n’etes pas Japonais.
Comme si on ne le savait pas… Comme si on allait voler quelque chose…
Marie fait partie de celles et ceux qui aimeraient voir ce pays accueillir plus, echanger plus. C’est terriblement rassurant. J’ai donc passe une tres bonne journee de Primidi, entre promenade et conversations. Je suis rentre heureux a la maison, le coeur gonfle de courage.
De Tokyo,
Suppaiku

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