Les nourritures spirituelles et les nourritures terrestres

L

Jeudi matin, d’assez bonne heure, j’ai pris mon velo et ai profite de cette belle journee qui commencait, bien heureux de ne pas etre bride comme la veille d’un costume paralysant et achete a la va-vite mardi apres midi au grand centre commercial Kintetsu de Kyoto.
Kintetsu, c’est le nom d’une compagnie de train et, sans vouloir developper ici trop en avant l’histoire urbaine du Japon des 100 dernieres annees, les compagnies ferrovieres ont joue un tres grand role dont l’Eki-mae / 駅前 -quartier de la gare- est le symbole le plus visible. Et a Kyoto ainsi, 2 centres commerciaux se jouxtent, voir meme trois, d’ailleurs. Le tentaculaire Kisetan, construit par et pour Japan Rail. C’est THE Centre commercial du Shinkansen, de la gare de Kyoto. Deception toutefois, il n’est pas si grand et ne doit sa taille qu’a la presence d’un grand hotel sur son flan est. On pass sous les voies ou on fait le tour de ce batiment gigantesque, et voila l’autre, plutot une tres grande galerie marchande dont une partie est propriete de Hankyu, la compagnie privee qui conduit a Osaka.
Et donc, face a la gare, sous le regard protecteur de cette grande Mama des annees 50, stylisee par un quelquonque Herge Nippon, Kitsch a souhait, la tour Kintetsu, THE centre commercial Kintetsu – la ligne de train qui relie Kyoto a Nara puis au sud de la Peninsule.
Bref, c’est la que, parti pour aller chez Muji, je me suis arrete chez « Comme ca ISM », plus connu pour ses creations « Comme ca du mode ». Cette marque decomplexe de toute faute commise en japonais… Voila pour le costume -retouche en 1h30-, la cravate et la chemise… Un premier vendeur tres pro qui m’a convaincu par la rapidite des retouches et une tres longues conversations sur les differences morphologiques entre occidentaux et japonais et donc, differences de tailles… Il portait une oreillette : a mon avis, on ne flane pas dans ce magasin plus de 2 minutes sans avoir un vendeur dans les pattes… Le second vendeur (pour recuperer le costume, la chemise…) etait beaucoup plus rigolo. Plus jeune, quand je lui ai dit qu’a Paris on connaissait cette marque, a sa reaction, « pari ka », j’ai compris qu’il ne devait pas avoir parle a beaucoup de gaijin / 外人 – etrangers. Il etait tres rigolo, et tout petit! Voila pour la parenthese costume de mardi apres midi, jour de mega pluie.
Bien, bref, jeudi matin, je saute sur mon velo. Je ne suis arrete au temple…nishi je ne sais plus quoi (correction a venir), pres de la gare de Kyoto ou j’ai assiste a un office chante, vraiment tres beau. Les Portes de ce temple sont absoluement somptueuses. Helas, le temple principale est en ce moment en reconstruction (comme pour son demi frere Higashi…).
J’ai continue ma visite et repris mon velo, suis alle a Toji / 東寺. C’est le temple qui situe Kyoto dans les films de Ozu : la grande pagode de 5 etages entouree d’arbres. Autours, un grand nombres de batiments dont certains presentaient leurs « tresors ». J’ai ainsi pu voir des bouddhas du 9eme siecle, magnifiques. Ceux la meme etudies en Histoire de l’art, et que l’on ne peut voir qu’a l’automne… L’un des batiments vaut lui meme la visite, haut, puissant et pourtant extremement fin. Toji est un Temple de Shingon-shu / 真言朱. J’ai donc ete accoste par un monsieur assez age alors que je brulais un peu d’encens en pensant a mon pere. Nous avons parle et il m’a conseille de penser a la religion, a la foi. Il etait gentil, souriant, et comme il me disait que le Shingon etait la seule branche du bouddhisme qui permet d’atteindre la perfection du Bouddha en une seule vie, celle-la, je l’ai quitte en lui souhaitant une entiere reussite. Et je vous avoue que j’etais sincere car il etait vraiment bon dans ses paroles.
Passe Toji, il etait temps de repartir en ville… Je suis donc alle a Osaka. Arrive a 16h, je me suis promene autours de Umeda / 梅田. Et je me suis perdu vraiment assez longtemps. Un salaryman qui passait par la m’a reconduit afin que je retrouve mon chemin. Il avait ete vraiment tres sympathique et nous avons un peu bavarde. Mon Japonais n’est pas du tout fluent, mais si mon interlocuteur est patient, je parviens a m’exprimer sur des sujets assez varies. De maniere limitee, mais j’y arrive, en faisant des phrases dont la longueur me surprend parfois… Quand a la comprehension, cela depend de la personne, de son debit.
Je suis monte dans la grande roue du centre commercial tout rouge Hankyu. Osaka est une gigantesque excroissance en bordure d’ocean. Vu de haut, on ne percoit aucune logique, comme a Paris ou a Londres. Ou a Kyoto. C’est une ville ludique ou les debordements humoristiques sont legions. Redescendu, j’ai continue ma promenade et je dois dire qu’il y a aussi des coins etonnant autours de Umeda. Petites rues « coupe gorge » qui sentent la viande grillee, passages incertains et bicoques qui bordent les etagements des routes et autoroutes urbaines surplombees par les voies de chemin de fer… Je me suis dirige vers minami, Dotonbori. Lumieres, bruit, et ce centre commercial qui fait des kilometres… ces garcons qui demarchent les filles pour les bars a hotesses, les Patchinko… et une odeur de nourriture… Je me suis ecarte de cette artere, me suis retrouve de nouveau dans un quartier de sex-shops et love hotel puis, dans un espece de quartier transitoire ou je me suis arrete pour manger des yakisoba. Et boire ama-biiru.
L’endroit etait etait une petite gargotte batie en bois, des planches, des baches… a l’interieur nombre de salaryman en costumes. Moi j’ai pris donc des yakisoba -nouilles sautees-, delicieuses, vraiment, avec les legumes legerement croquant comme il faut. Et pas cher du tout. La serveuse, une petite Coreenne charmante et amusante, m’a fait la conversation. Elle revait d’apprendre d’autres langues et baragouinait quelques mots de francais. Drole. Je suis reparti un peu emeche (2 bieres), les jambes absoluement HS apres une telle journee de marche (et de velo le matin), et j’ai pris mon train vers 22h30 a Umeda, n’ayant toujours pas recupere de mon mercrdi. Une superbe journee s’achevait, non sans que je ne m’achete vers Dotombori une delicieuse patisserie chez Fujiya, un simple gateau au marrons, divin. Arrive dans ma chambre, vers minuit (j’ai roule tranquilement de la gare a l’hotel), j’ai ouvert la belle boite et decouvert un objet que je ne connaissait pas : un sachet de gelee glacee. Cela existe t’il aussi en France ? En tout cas, mon gateau etait bien frais… La vendeuse, une jeune fille avec des grands yeux, avait ete tres gentille et m’avait fait la conversation tres gentiment, en parlant assez lentement pour que je comprenne. Ce gateau conclait donc cette journee admirablement bien, et il le fallait bien car le lendemain…

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