Positives sûrement, parfois négatives, vos réactions à mon billet m’ont touché. Comme je l’ai dit avant hier, je j’écrivais pas pour etre lu à ce point là. J’ai publié tous les commentaires à l’exception d’un seul. Son auteur, non content de me traiter d’adolescent attardé qui pleurniche sur son sort alors que lui, courageusement, brave la situation à Tokyo, me rajoute que s’il aime critiquer les fonctionnaires, il trouve ma critique de l’ambassade puérile et inconsistante. Enfin, c’est à mon style d’écriture qu’il s’en est pris. Hormi le fait qu’en effet je n’ai ni le talent littéraire d’un Delerme, ni la fougue et le brio intellectuel de Bernard Henry Lévy, ni même le talent polémique de Jean Pierre Foucault, je rappelle à ceux qui découvre ce blog que j’écris depuis près de 7 ans, qu’il est une continuation de mon journal intime, sur cahier, écrit depuis 1992, et avec des bouts sauvés d’une inondation remontant à 1982. J’y livre ma pensée, en liberté, sans jamais me relire ni me corriger. Quelqu’un a écrit que c’est un journal extime. C’est possible, je ne connais pas trop les termes à employer. Bref, on peut tout critiquer, et au milieu des commentaires il y a maintes critiques, que j’entends et auxquelles je réfléchis, et pour lesquelles je respecte leurs auteurs car meme si certains paraissaient en colère, il y avait une explication, un motif, et j’aime cet effort. En revanche, je n’admettrais jamais que l’on critique mon style car ma facon d’ecrire ne garde que moi. À 46 ans, je n’ai à ce sujet aucune leçon à recevoir de qui que ce soit, et je conseille à l’auteur qui peut etre se reconnaitra, de bien vouloir faire l’effort de pousser « l’extimité » aussi loin qu’il m’est arrivé de le faire. J’ai donc supprimé ce message, le considérant hors sujet. Je m’en fait l’échos, renvoyant son auteur à son anonymat, lui évitant la honte. Pour les autres, je les publie comme ils sont venus. Sachez que tous, vous m’avez touché car meme dans vos critique j’ai lu l’amour que vous portez à ce pays, votre considération, vos inquiétude et surtout votre incroyable désarroi. J’ai aussi lu ceux qui comme moi vivent à leur facon, le meme déchirement. Certains en restant à Tôkyô coute que coute. D’autres en s’étant repliés en province quelques jours, comme moi. Des ilôtiers me confiant leur désarrois. J’ai appris qu’un ami d’un ami travaille à l’ambassade, et qu’ils sont en effectifs réduits, ce qui confirme cette espèce de mal-communication, cette impossibilité à les joindre que plusieurs d’entre vous ont rapporté. Qu’ils sachent que nous sommes avec eux, admiratifs du travail qu’ils font malgré le fait que l’ambassade aie été désertée.
Et puis comment passer sous silence la réactivation de l’ambassade qui est peut etre en passe de réussir désormais bien mieux que d’autres ambassades. Visiblement, mon cri de colère, mais d’autres, comme ceux qui sur Flickr ou Picasa ont publié des photos de la devanture de l’ambassade « fermée pour cause de tremblement de terre », les plaintes des parents, le désarrois des plus jeunes, tout cela a ouvert les yeux du gouvernement Francais qui commence à voir la situation telle qu’elle est. En fait, je pense que jusque lundi, les responsables du quai d’Orsay regardaient l’expatriation au Japon comme dans les annees 50 et communiquaient avec les moyens techniques des annees 80. Il est impératif que cette catastrophe en cours changent cette facon de parler de l’expatriation. Ici, nous sommes des couples mixtes, mariés ou non, hétérosexuels et homosexuel(le)s, étudiants, salariés, détachés ou en statut local. Nous ne sommes plus cette poignée d’hommes d’affaires et d’esthètes des années 50 à qui on pouvait dire de rentrer en France comme quelque chose de normal. Nous sommes un grand nombres à nous inscrire dans la durée, ici. C’est en quoi le mail de l’ambassade et sa communication ont inspiré un véritable vent de panique chez beaucoup d’expatriés. Il faudra réfléchir à ce changement profond qui va dans le sens de l’accroissement de la mobilité à travers le monde. Nous sommes des immigrès francais en terre japonaise, et non un groupe de francais représentant la France quand tout va bien et pratiquant le sauf qui peut quand ça va mal. Le monde a changé. Il faudra aussi que l’ambassade travaille à « activer » des réseaux via les médias sociaux afin d’être réactive. twitter ne demande pas un tres gros investissement en temps puisque chacun nourrit une feed que les autres peuvent consulter et nourrir à leur tour. Un site internet de type interactif peut alors relayer une information triée, cela s’appelle le 2.0. En cas de crise majeur, la France aurait alors une plateforme collaborative extrêmement souple qui ferait le lien avec tous. Des messages d’appel au calme, des rendez vous, des cellules de soutien pourraient se mettre en place et l’information etre communiquée en temps réelle. Cela au passage soulagerait l’angoisse de ceux qui, en ambassade, gèrent avec des moyens archaïques une communication d’urgence les épuisant, et s’ajoutant au stress de la situation qu’ils ont à gérer, et les visant eux meme. Quel désarrois aussi… À trois pour une cellule de crise de cette envergure, je vous salue et nous sommes des milliers à vous remercier de faire, malgré tout la permanence. Enfin depuis deux jours, des distributions d’iode sont faites à l’ambassade, des ilotiers restés sur place appellent les gens. Cela ne compense pas ceux qui sont partis en France à la va vite ou à Osaka en coupant leur téléphone, mais c’est un bon début. Des avions, enfin, commencent à etre réorientés sur le Japon afin d’évacuer les plus fragiles, les enfants en particulier. Je tenais à faire cette mise au point introductive par honnêteté car mon coup de colère n’a de valeur que si je sais reconnaitre une évolution positive. Peut etre mon article y a t’il contribué.
Je rappelle enfin qu’un blog, plus encore qu’un article de presse, s’inscrit dans l’instant de son écriture. Et que par ailleurs, à la différence d’un article de presse, il exprime une subjectivité que dans mon cas je tempère par ma seule honnêteté. Ainsi lundi, au stress de l’événement, s’ajoutait le silence d’un ilotier et des appels d’amis m’informant des portes closes à l’ambassade. La situation est aujourd’hui semble t’il redressée.
Alors maintenant, nous sommes jeudi. Depuis deux jours je suis à Kyôto. Un immense soulagement m’a traversé après notre longue promenade à Fushimi. Fushimi est un lieu particulier, un lieu où je me suis fait la promesse un jour de venir habiter dans ce pays, un lieu où en priant je l’ai demandé tres profondément à je ne sais quelle divinité. Une escalade longue tres longue, fatigante, sentiment qu’elle ne s’arrêtera jamais et qui, comme toutes les rudes collines que l’on arpente, vous donne la force de continuer à vivre. Je me souviens ma première fois, perdu car je m’étais trompé de route, et puis finalement, l’arrivée. Et en 2004, triste car je partais le lendemain et parce que mes résultats d’analyses sanguines, avant mon départ, m’inquiétaient : à l’arrivée, je m’étais senti protégé, la montagne m’avait donné sa force. Et enfin, en 2005, et après chaque année. Seule la promenade de l’hiver dernier, le 28, m’avait inquiété. Je n’étais parvenu à en faire qu’un quart. Épuisé. J’ai compris le message, et j’ai depuis repris un traitement, celui que j’avais interrompu il y a deux ans et demi pour raison économique. Au Japon, la trithérapie n’est pas à 100%… Avant hier, je me suis surpris à presque courir malgré la rude pente. De cette force, j’ai tiré le courage de prier pour les gens du Kantô, la famille de Jun, pourqu’ils s’en sortent. J’ai demandé cela au renard, je ne sais qui a écouté ma prière, cela n’a aucune importance. Je dis courage, car en fait je ne crois pas à tout cela, mais je me dis que cela aussi doit etre fait. Et si mon père a naguère prié pour moi, j’ai demandé qu’une part de ses prières aillent pour ces gens dans le nord, morts, ou pire en ce moment, survivants, piégés par le froid, l’impréparation, le risque nucléaire et, cela semble incroyable pour le Japon, par la faim. Car les vivre parviennent, mais l’isolement des petits groupes de survivant, les routes ébranlées rendent difficile leur acheminement. Les images à la télévision sont un véritable crève cœur. Fushimi est mon Solutré, un lieu ou je communique avec moi-même, où je prends les forces nécessaires pour prendre de grandes décisions.
Avant Fushimi, nous sommes retournés au Tôhukuji. Et là, surprise, le temple était ouvert pour nous permettre d’admirer une grande tenture du bouddha mort pleuré par ses disciples et tous les animaux. Plus que la toile immense, c’est le message qui est beau et tombait à point nommé en ces circonstances. Le bouddha atteint en effet la vrai vie. Nous, nous ne sommes que des survivant, loin de la délivrance, et nous pleurons ceux qui nous manquent. La grande Sanmon aussi était ouverte, nous y sommes montés.
Pendant tout ce temps, je consultais vos messages, je consultais les informations. Nous ne sommes allés à Kyôto que pour voir venir, sortir de la torpeur. Mon école est fermée, je tournais en rond. Et puis peut etre aussi avais-je besoin de ressentir l’envie de rester. Non pas d’une facon bornée, « je reste parce que je reste », mais aussi parce que ça vaut le coup. N’aimant guère Tôkyô et lui préférant Tôkyô, ce voyage est un peu comme un retour aux sources, à un pays natal que je n’ai pas en ce pays si ce n’est, justement, ici (il vous faudra beaucoup chercher pourquoi dans ce blog, je l’ai déja raconté, je ne me répèterais donc pas, mais Kyôto et moi, c’est depuis 1970…). Kyôto est mon autre ville, avec Paris, à égalité. Et avant Londres qui occupe une place tres spéciale.
On est rentré. Bien sûr, le midi nous avons mangé dans le meme petit restaurant où nous allons vers le Tôhukuji. Nishin soba… J’adore le hareng (nishin)…
Je suis ici en suspension. Je reçois des messages privés sur Facebook, certains sont désespères. Couples mixtes dont le conjoint Japonais a peur pour son travail. Comme Jun. Déchirements intimes dus à cette culture caporalisée depuis Meiji et qui trouve toute son expression ridicule dans le 頑張る (ganbaru, s’accrocher). La mentalité provinciale ignore le ganbaru, elle tourne plutôt à une sorte de résignation qui elle me convient bien car je suis un peu pareil. Durant les violentes secousses, comme je vous l’ai dit, je n’ai pas eu peur, j’ai fait ce que j’avais à faire et, entre autre, cela consistait à faire rire une petite fille de 4 ans, mon élève, et ainsi décontracter sa maman qui avait, il y a 16 ans, vécu le drame de Kôbe. Aucune peur. Seulement après en réalisant l’ampleur du drame. Bref, la résignation est pour moi ce qui accompagne mon choix, mes choix. Je suis existentialistes. Comme Beauvoir et Sartre. Je choisis ma vie, en tout cas ses grandes options, et après, eh bien, j’assume. Venir au Japon, c’est assumer un big one. C’est s’y préparer et je m’aperçois à mon comportement où mes gestes ont ete guidés par une sorte d’automatisme que je m’y étais bien préparé. La résignation à un événement, oui. En revanche, l’obstination désespérée est quelque chose qui m’est étranger, meme si j’avoue que c’est tentant. Le piège obscond, comme on dit en philosophie, la négation de la réalité. Et c’est là que ce départ à Kyôto est important. Mon école est fermée, c’est une chance. Jun m’a suivi, c’est courageux. J’ai retrouvé Yann (en tout cas au téléphone), Martin (en fait cet après-midi) et Christophe, par hasard lors de notre promenade à Nijô-jo pour admirer les fleurs de prunier. Au passage, vraiment magnifiques. De discussions en discussion, c’est intéressant de voir que Kyôto a été pour nous quatre le moyen de prendre du recul et décider. Martin va rentrer avec sa femme. Sa femme, enceinte, ne peut pas prendre de risque et l’ambassade évacue les enfants et les femmes enceintes à partir d’Ôsaka demain. Christophe ne sait pas encore. Sa femme, Japonaise, n’a pas pris son passeport et est inquiète car elle manque le travail. Encaporalement des gens, lavage de cerveaux qui commence vers l’âge de 12/13 ans avec des activités extra-scolaires de groupe qui coupent les enfants de leur famille et les conditionnent à n’agit qu’en conformité avec groupe. Et qu’on ne me dise pas que c’est traditionnel, le travail des champs s’effectuait autrefois en famille et la cellule familiale était autrefois un bloc solide, aujourd’hui dissout et remplacé par l’obéissance à l’entreprise et à des obligations sociales (qui depuis 10 ans volent en éclat avec l’enfoncement du pays dans sa crise économique). Jun aussi, en tiraillé. Il a peur de ce qui se passe, de ce qui peut se passer, et en meme temps, il pense à son travail…
Hier, c’était giboulées entre neige et éclaircies. Il faisait tres tres froid. Nous avons pris un vélo et avons sillons la ville, Kitano Tenmangu, Nijô-jo, ainsi que le Hôkyôji où il y a une tres belle exposition de poupées japonaises. Le soir, notre habituel restaurant de tonkatsu à Teramachi, et une tarte portugaise que nous avons mangé à l’hôtel. Des coups de fils à mes amis, et ces nouvelles en provenance de Fukushima, pires de jour en jour. Un mail de l’ambassade tres clair sur l’évolution des événements mais offrant cette fois des moyens importants : des vols vers la France, des pastilles d’iode, etc j’ai vu que Francois Fillon s’était exprimé. Les écologistes, eux, dénoncent le nucléaire. Je me permet juste de dire que, farouche opposant au nucléaire moi-meme, j’aimerais toutefois un peu de pondération dans la polémique à ce sujet, car il s’agit d’un drame en cours. Oui, il faudra un referendum de sortie, oui, il faudra reconvertir nos économies, mais en ce moment, l’urgence devrait etre d’organiser des réseaux de solidarité et, éventuellement, réclamer l’assouplissement des règles concernant les visas pour permettre l’hebergement temporaire de Japonais. Non pas aujourd’hui, juste au cas où d’une catastrophe tragique, nous entrions dans le domaine inconnue de la tragédie absolue. On aura tout le temps, après, de « sortir du nucléaire », et vous me trouverez de la bataille, mais en ce moment, l’urgence est aider, aider, informer.
Car ce n’est pas un débat que nous avons, ici. C’est la réalité d’une centrale atomique composée de deux groupes ayant au total 6 réacteurs, construits par General Electric, dans une technologie des annees 60 interdite aux USA depuis 1972 car présentant des risques de rupture des circuits de refroidissement, et par ailleurs ne répondant à aucun des critères minimum requis pour résister à des tremblements de terre. Rien que pour savoir ça, il faut glaner sur le net car au Japon, ce type d’information est tres filtrée. Il faut savoir également que le combustible employé est vendu par une société française, Areva, dont toutes les équipes de Tôkyô ont ete déplacées à Ôsaka (à côté de Kyôto). Il faut aussi savoir que les premiers signes de faiblesse d’un réacteur sont apparus samedi et que la technique employée a été celle de la dernière chance. Et que ça a marché. Que le problème s’est reproduit une deuxième fois, avec un début de fusion (Tchernobyl) et que la meme technique a marché. Dans les deux cas, la noyade du noyeau dans l’eau de mer a refroidi le réacteur et évité une catastrophe, avec pour contrepartie une explosion du mur extérieur et une spectaculaire fumée blanche finalement faiblement radio-active. J’avoue que ce scénario me suffisait… Il semblerait que pour le 3eme rêacteur, ils aient forcé ce scénario. À la télévision, ce qui était une opération de la dernière chance samedi a étê présenté comme un truc tres banal mardi matin. Il y avait meme de la publicité pendant le journal. On s’habitue à l’horreur, je vous dis, et puis peut etre fallait il rassurer les marchés boursiers, restés ouverts… Et c’est là que ça a raté. Non seulement le mur a explosé comme prévu, mais l’explosion a decouvet le réacteur lui-meme et a touché le 4eme réacteur qui lui était normalement désactivé car en contrôle technique. Un incendie a tres rapidement commencé à se déclaré sous l’effet de la montée de la température du 4eme réacteur. Mercredi matin, le technicien de Tepco, la société d’électricité privée de Tôkyô répondait, quand on lui demandait d’où venait la fumée, qu’il ne savait pas. Nous avons donc, à présent, une unité alternant accalmie et incendie, dont le cœur est entré en fusion, officiellement reconnu, un autre endommagé et rejetant des fumées, deux coeurs refroidis partiellement. Et enfin, deux autres, ceux d’une autre unité, dont la température monte sensiblement. La télévision noie le public dans une débauche de graphiques et d’explication. Le plus incroyable, c’est dire au gens qui habitent entre 20 et 30 kilomètres de ne sortir qu’avec un lasque en coton mouillé et des vêtements en nylon et de tout laisser à l’entrée de chez soi. Pourquoi ne pas les évacuer, et si un masque en coton est si sûr, pourquoi voit on ces hommes en tenue hermétique… L’armée américaine, elle a décidé de ne plus intervenir à moins de 80 kilomètre et distribue de l’iode aux hommes situés entre 80 et 112 kilomètres. Il y a donc désinformation quelque part, et l’inquiétude est donc justifiée. Heureusement toutefois, les vents soufflent sur l’océan et non sur les terres : les autorités reconnaissent qu’il y a eu des pics de radioactivité mortelle. Enfin, malgré tout cela, sachez que Tôkyô, malgré quelques pics, reste à une distance raisonnable, et cela meme si la situation se détériorait encore. Seul un scénario catastrophique total, l’explosion en chaine des sic réacteurs, entrainerait la formation d’un nuage menaçant Tôkyô dans les heures qui suivraient. Je pense que le silence relatif du gouvernement tient au fait que celui ci est en train de préparer en silence une évacuation à grande échelle, laissant à Tepco le soin de tenter quelques opérations à tout hasard. Largage d’eau pour gagner du temps, réparation des circuits de refroidissement. Si cela marchait, on pourrait envisager un bétonnage du site. Si cela ne marchait pas, seul l’état d’urgence serait alors une option. Je compile ici des informations divers lues dans le New York Times, sur le Yomiuri, etc et je tache de garder un regard nuancé. Ce n’est pas encore l’apocalypse et si vous avez des amis à Tôkyô, pour l’instant, ça va. Ils manquent de pain, de riz et de PQ, mais à part cela, ça va. Par ailleurs, les répliques sismiques s’espacent, réduisant le risque d’un deuxième tremblement de terre. Si tout évolue dans le bon sens, avec une stabilisation réelle à Fukushima, confirmée par l’AIEA, je pense etre en mesure de rentrer à Tôkyô lundi, avec Jun.
Ici, il fait tres froid, il neige. Je pense retrouver Martin cet après-midi.
Le nucléaire est une saloperie, surtout quand il n’y a pas de réelle sécurité et quand il n’y a pas de transparence. À cet égard, le Japon s’obstine, comme toujours, à tout faire tout seul à sa facon, à l’image du discours, pathétique, de l’empereur (réfugié à Kyôto), hier. L’inquiétude est pourtant réelle, grandissante chez les Japonais. Ce matin,à l’hôtel, un petit vieux m’a demandé où ça en était. Il a fuit Tôkyô. Les autres obéissent mais n’en pensent pas moins. Je souhaite de tout cœur que les opérations en cours réussissent car dans le cas contraire, la panique serait inévitable.
Si vous avez des amis à Tôkyô, s’il vous plait, modérez vos messages, ne les pressez pas de rentrer, essayez de comprendre que cet événement fait, aussi, parti de la vie.
Pour le nucléaire, on lui réglera son sort le moment venu. En France, bien sûr, mais au Japon aussi.
De Kyôto,
Madjid
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