Je suis très très très occupé…

J

Cela ne veut pas dire que je sois surchargé de travail, mais tout de même, partir de chez moi vers 10 heures trente et rentrer en générale vers 22 ou 23 heures, ça prend une bonne partie de mon temps. Tout cela pour n’enseigner que très peu, passer beaucoup de temps dans les transports. J’ai aussi beaucoup d’interclasses sans étudiants… Que j’ai beaucoup utilisé pour surfer et rechercher/ trouver des bêtises sur Internet. J’ai aéré mon esprit. Et je suis passé à autre chose. Cet été, j’étais très inquiet pour mon école, mais que Monsieur Kobayashi la reprenne en main m’a très fortement rassuré. C’est un homme qui a les épaules larges, qui est consciencieux, et qui s’implique vraiment. Pas un patron boss, mais un patron patron. Je pense qu’il a du parfois véritablement payer de sa poche. Il m’a versé mon mini bonus en septembre. Pas un vrai bonus comme au Japon, mais le total de mes heures supplémentaires des six derniers mois, avec une belle majoration. J’avais un problème avec septembre (NOVA, Lehman), il est désormais totalement dissipé. Je me suis senti léger, libéré de quelque chose, d’une sorte de risque qui planait.
J’ai fait quelques changements ici et là, et cela va continuer. Je pense que le plus gros changement psychologique intervenu ces derniers mois concerne mon corps: j’accepte mes dix kilos de trop. Cela n’a l’air de rien, mais cela veut dire par exemple que je suis en train de me réconcilier avec les vêtements après m’être « habillé comme un gros » pendant pas mal de temps. Ce n’est pas que je renonce à perdre du poids, c’est plutôt que je veux vivre avec mon corps tel qu’il est et non pas attendre qu’il soit tel que je voudrais qu’il soit. Alors j’ai du ventre, je fais du 46. Mais pour le moins, c’est stable, la balance ne bouge pas. Je pèse 86 kilos depuis à peu près deux ans, et je mesure 1 mètre 77… Et je suis intimement persuadé d’être gros à cause des régimes que j’ai fait et qui m’ont véritablement bouffé la vie. J’ai donc acheté quelques vêtements, deux nouvelles casquettes.
Avec beaucoup d’entrainement, je suis maintenant capable de bien développer les RAW, ces fichiers bruts de photo. Mon Sigma délivre des photographies magnifiques, un truc que je ne connaissais pas. Mais le DP1 est lent, très très très lent, et il a un objectif fixe. Enfin, sa faible ouverture focale – il ouvre à 4 au maximum – en limite l’utilisation dés la fin d’après-midi. Heureusement, le Japon est le pays de l’occasion. Après une très très longue hésitation, j’ai acheté un second appareil. Je dis bien second car je ne renonce pas au Sigma. Je voulais un appareil compact, car les gros reflex ne sont pas pratiques. Le problème des compacts est que leur cellule est minuscule, souvent environ 1/10e de la cellule du Sigma ou des reflex (le Sigma a une cellule de reflex, mais avec en plus ce système unique, le Fovéon, qui donne un coté film qu’aucun autre appareil ne parvient à obtenir puisque la cellule produit attribue trois pixels pour un point, quand les autres cellules attribuent un pixel par point…)… Bref, j’ai regardé du côté de ces nouveaux appareils micro-fourthird. Pour les non-geeks, le micro-fourthird est un nouveau standard proposé par Olympus et Panasonic concernant le design d’un appareil photo compact à objectifs interchangeables à grande cellule.Ces appareils on des cellules envrion 8 fois plus grandes que les compacts, ce qui veut dire que leurs pixels sont plus grands, qu’ils photographient mieux la lumière, qu’ils bruitent moins dans le noir, qu’ils ont une plus grande profondeur de champs. En théorie, ces appareils sont très proches des reflex numériques. Après maintes hésitations, et aussi après une forte considération financière, j’ai opté pour un appareil qui m’avait séduit quand j’avais acquis le Sigma. On trouve désormais des Pen ep1 Olympus à moitié prix. J’ai épluché les critiques et, hormis une question de vitesse auto-focus, la sortie d’un ep2 plus complet et d’un epl1 très « grand public », dépourvu du design original du pen ep1/2, et la présence d’un Panasonic Lumix GF1 doté d’un objectif ouvrant à 1,7 d’êtres bonne qualité, j’ai opté pour le pen ep1. Deux objectifs dont un zoom, le viseur pour le grand angle. Côté qualité des photos, on s’habitue à la qualité du Sigma… J’ai perdu l’habitude de voir du grain, même du joli grain, et j’ai perdu l’habitude de voir de petites aberrations chromatiques dans les angles. Sur ce dernier point, le Sigma avait été comparé à un Leica qu’il dosait haut la main. Le capteur Foveon n’est pas seulement plus grand que beaucoup d’autres, il y a surtout que c’est le seul capteur qui fait les photos en couleur trois couches, une couche pour chaque primaire RVB. Tous les autres capteurs du marché sont en fait des capteurs transcrivant des informations monochromes en informations couleurs. Ainsi, même un appareil hyper cher, Nikon, Leica, fera de petites erreurs sur un papier peint à fines rayures oranges et vertes, par exemple, si ce papier est en fond de votre photo. Pas Foveon. Le seul handicap de ce capteur, c’est que jusque récemment, ses 14,1 millions de pixels réels (4,7 pour chaque couleur RVB) se réduisaient à des images de 4,7 millions de pixels seulement. Mais avec une qualité bluffante, je vous assure. Mes albums sont peu post processés et c’est du jpeg et non RAW, vous ne pouvez pas voir exactement, mais quand je m’amuse avec Lightroom, je peux vous assurer que c’est d’une richesse de détails inimaginables. Et avec cet appareil, j’ai dit adieu aux cieux brûlés qui caractérisent le numérique. Il ‘est arrivé de photographier des rues plutôt sombre et, à l’arrivée, malgré la longue exposition nécessaire, de pouvoir encore voir les nuages, leurs nuances dé gris notamment, ou bien le ciel bleu. Vous pourrez me parler du Nikon que vous voulez, mais la qualité Foveon, ça n’a rien à voir. Et c’est ainsi qu’il y a trois semaines a été présenté le premier Foveon à 45 millions de Pixels, soit trois fois 15 millions. Sigma fait là une très belle avancée. J’ai vu des photos sur le site de Carl Ritterfalk (en lien), c’est bluffant.
Cependant, puisque j’ai acheté l’Olympus, j’aime sa très grande réactivité, la possibilité de faire du tout automatique ou du tout manuel (depuis le Sigma, j’ai redécouvert les joies de mon vieil OM1 et fait l’exposition en manuel, sur un seul point, à l’ancienne, et il m’arrive également de faire la mise au point en manuel également…), et puis je vais pouvoir y mettre mes objectifs d’OM1, avec un rapport d’agrandissement de un pour deux (la diagonale d’un film 24×36 est deux fois supérieure à celle du capteur MicroFourThird. J’avais lu des horreurs sur la vitesse auto-focus mais visiblement l’update du logiciel en avril a résolu le problème, il est très rapide. Enfin, il est pas trop gros, pas trop grand.
L’appareil fait de très belles photos. J’en ai faites quelques unes à 1600 ISO, j’ai été dégouté par le bruit (je photographie en RAW sans aucune correction), et puis je me suis aperçu que c’était la première fois que je photographiais à ce niveau. Et pour tout dire, c’est bruité, mais c’est du bruit de luminance (de gros pixels granuleux), pas de chrominance (taches de couleurs), donc ça a un coté pellicule. À 800 ISO, c’est encore assez propre et le bruit se fait discret. 3200, j’en ai faite une, mais là, il vaut mieux convertir en noir et blanc, en couleur, ce n’est pas très joli; cependant, cela reste correct car les couleurs sont respectées. C’est juste ces gros pixels qui font que, bon…
J’ai un regret, l’appareil ne descend pas à 50 ISO. Pour tout dire, avec le SIgma, je m’y était habitué. Sur le Sigma, je ne vous raconte pas le piqué. Sous le ciel bleu, avec des objets très lumineux (un chemin de sable, des rochers), quand vous zoomez dans les feuillages, vous pouvez compter les feuilles, et dans des ombres, vous pouvez suivre les irrégularités, voir les petits cailloux… J’ai lu partout que l’Olympus est optimal à 200 ISO. C’est un choix difficile qu’il faut faire car à 200 il y a (énormément) plus de bruit qu’à 100 (même sur un appareil super cher, même sur le Sigma, même sur un Leica). Mais c’est vrai que la même photo à 200 a un petit truc en plus dans la lumière. Donc, je shote la plupart du temps en 200. 100 ISO offre un méga piqué, 400 ISO reste très bien tout en permettant de travailler en fin d’après midi. Les couleurs sont très belles, extrêmement naturelles. Les logiciel fourni est, lui, une vraie merde.
Je prépare un calendrier. Si vous en voulez un, je pense que ce sera un peu cher car je passerai par l’Apple Store, mais je vais voir si je peux trouver mieux ailleurs…
Autre nouveauté, Jun m’a dit il y a deux semaines qu’il en avait assez de son téléphone tout pourri de chez AU. J’avais un peu le même sentiment, mais mon Sony aurait pu faire l’affaire encore un temps… Nous sommes donc passes tous les deux à l’iPhone. Ça me fait un peu bizarre, comme téléphone. Les keitai japonais sont des téléphones, l’iPhone fait un peu produit hybride. Ce n’était pas super nécessaire pour moi, il fait de moins belles photos que mon Sony, mais Jun peut gaver son nouveau joujou de vidéos et surfer sur le net au travail pendant la pause déjeuné, tout en pouvant prendre le même type de photo qu’avec son téléphone Casio. Comme les photos de l’iPhone sont bof bof, j’ai pris sur l’Apple Store des applications pour jouer avec. Et là, ça devient l’éclate. Mon dictionnaire Petit Royal marche aussi dans l’iPhone. Ne me parlez pas du prix, ça le revient au même prix qu’un keitai de merde japonais. Depuis deux ans, les téléphones coutent hyper cher. Mon Sony me coutait 2200 yens par mois sur 24 mois. L’iPhone est gratuit…
Mon iPad et moi, on ne se quitte plus. Je m’en sers tous les jours. Quand je suis fatigué, dans le train, je fais des parties de Solitaire. Quand je suis une actualité particulière, je surfe au travail en interclasse, dans le métro où même chez moi. Je l’aime beaucoup pour écrire, en fait plus que mon ordinateur car il possède des accents. Je m’en sers avec les élèves, il me permet de montrer et je pense de plus en plus réaliser des sets de photos pour jouer à « qui c’est, il habite où, il fait quoi, vous aimez xxx, etc » ou à « combien de pièces il y a »… J’y ai rentré l’audio des livres que j’utilise en français et en anglais. Et puis bien sûr il y a Pages, qui est un traitement de texte finalement très puissant. Laurent Chambon m’a envoyé récemment une suggestion d’application de traitement de texte, extrêmement simple (je suspecte Laurent d’être un adepte de l’esthétique scandinave), mais il s’avère que cette application nécessite, pour être vraiment fonctionnelle, de souscrire à un abonnement à un service d’hébergement. C’est la grande tendance du net et, pour le coup, je préfère Pages, l’application maison, avec des fonction assez nombreuses, l’échange en PDF, en Word et en Pages, par mail ou via iTunes. Ça coûte cette 1200 yens (10 euros?), mais c’est gratuit par la suite… De plus, récemment, Pages pour MacOS permet l’exportation en ePub, le format de livre électronique. Alors bien sûr, il y a des logiciels qui font ça très bien, mais l’avoir intégré directement à Pages est intelligent.
Mon vieil iBook, que j’ai ressuscité avec un nouveau disque dur au printemps vient lui de subir un downgrade système. Je lui ai installé Tiger OSX.4, et bien entendu, il bombe! Il est très pratique quand je me déplace et que je dois stocker les photos que je prends comme cet été à Kyoto (quand même 16Go de photos, le RAW prend beaucoup de place, environ 4 fois plus que le jpeg de haute qualité.
C’est marrant, tous ces gadgets nouveaux car finalement, à part ça, je ne dépense rien, et il n’y a que l’appareil photo qui m’a vraiment couté quelque chose.
Ce genre de billet de super Geek du Mac, je pense bien que c’est la première fois que ça m’arrive… Mais bon, il fallait bien que j’en parle… Mon iMac, du haut de ses 3 ans, tient lui de son côté terriblement bien la route. Je suis tombé hier sur un article qui parlait d’un MacEvent spécial la semaine prochaine, intitulé « Back to the Mac » et j’ai soudain été vaguement inquiet… C’est que je l’aime bien, mon iMac, et qu’Apple ai un peu délaissé le Mac ne va pas sans me plaire… En fait, les derniers MacBook blancs ont à peu de choses près les mêmes performances que mon iMac, ce qui veut dire que jusqu’ici, j’ai pu upgrader mes applications sans me faire trop de soucis. De plus, la bestiole reste toujours assez véloce, je n’ai eu qu’un seul problème logiciel, avec Aperture 3, taillé pour les bébêtes à 4 cœurs. Aperture… Un logiciel Apple, tiens… Ceci étant dit, comme beaucoup de Geek Mac, j’attends l’iMac Touch… À ce sujet, je suis tombé par hasard sur une publicité Mozilla, pour faire la promotion de leur concept phone. Un téléphone qui interagit avec son environnement…
En regardant cette publicité (réalisée en différents formats de 3D), j’ai pensé que l’iPhone était non pas un début, mais la conclusion d’une longue évolution, un joujou multimédia. Ce que la Fondation Mozilla a en tête est autre chose. Ce n’est pas un téléphone, ce n’est pas un ordinateur, ce n’est pas une télévision. C’est un média. C’est LE média lui-même. Je trouve cela fascinant, et en regardant bien le monde tel qu’il est, les technologies telles qu’elles sont, je m’aperçois que le 21ème siècle tient bien ses promesses. Il y a juste qu’il me fallait sortir de ma tête d’homme Blanc Européen ne regardant le monde qu’à partir de l’épicentre qui l’a vu naitre, qui l’a vu grandir.

Or, et c’est mon gros joujou en ce moment, celui qui va bouleverser l’écriture de mes « cycles » (qu’il me faut importer dans ce blog), le capitalisme continue sur sa lancée. Mais pour la première fois, nous avons les preuves tangibles que le capitalisme n’est pas un système national, mais bel et bien un système mondial car il s’appuie sur une caractéristique commune à toutes les civilisations urbaines, l’échange et le commerce, et qu’il se propulse grâce à un trait de caractère partagé par tous les êtres humains des civilisations urbaines, l’envie et le désir. Il y avait du commerce avant, il y avait des envieux avant. Mais ce qui est nouveau, c’est que le système de crédit, en se développant à partir du 14eme siècle dans la Florence d’après la peste, a permis d’anticiper les gains, et qu’il a donc ouvert la voie à l’enrichissement massif par l’argent lui même. Les Medicis ont bâti Florence et ils lui ont donné leur image avant de dominer la Papauté, pour enfin donner à la France pas moins de deux Reines. Dans la mains des marchants et des commerçants Anglais et Flamands, le crédit allait permettre des aventures et des ambitions mondiales. Le capitalisme reposerait désormais sur la société par action et sur la compagnie financière. On anticiperait les gains ou les pertes. On ouvrit des bourses, d’abord à Amsterdam, puis à Londres ou Paris où, dans les années 1718/1723 allait naitre, prospérer puis s’écrouler la première gigantesque bulle spéculative financière. Et le capitalisme continua sur sa lancée, prêtant pour faire du commerce et faisant du commerce pour emprunter plus… Si les USA viennent de connaitre un gros accroc et ont contaminé le reste du monde en vendant des produits dérivés reposant sur des crédit désormais peu « crédibles », d’autres pays étaient prêts à profiter de l’occasion. Et pour la première fois, ce n’est pas du tout un pays occidental qui tire le monde. Même l’expansion japonaise des années 80 reposait en fait sur la consommation et la bonne santé des USA.
Non, cette fois, une zone géographique non occidentale tire l’économie mondiale, et c’est l’Asie. Je lis les blogs et les journaux français ou américains, je suis très étonné du peu de cas qui est fait de l’Asie. L’Asie se suffit désormais à elle même. Le Japon des années 2010 ne survit que par l’acharnement de ses commerciaux à arracher des marchés dans la dynamique Chine et dans la prospère Corée du Sud. Mieux, alors que l’armée chinoise s’est récemment montrée agressive à l’égard du Japon suite à l’arraisonnement d’un bateau de pêche Chinois qui était rentré dans les eaux Japonaises dans une zone dont la souveraineté japonaise est contestée par la Chine, après trois semaines de tension, c’est le Japon qui s’est presque excusé quand c’est la Chine qui était en tort. La Chine est le plus gros client du monde, alors les pressions des milieux d’affaire ont eu raison de la justice japonaise qui voulait juger le commandant dudit bateau. La Chine, de par son gigantesque marché, impose sa centralisé à toute la région, ce dont elle a l’habitude depuis 3000 ans.
Quand vous écrivez Chine avec des kanji cela donne le pays central, 中国 (中國 en caractères chinois traditionnels). C’est ainsi non pas de puissance économique dont il s’agit, mais d’une représentation du monde qui existe depuis longtemps et qui s’impose à toute la région. Même le Japon, qui a toujours jalousement veillé à son indépendance, a, pour se donner un nom, fait référence à sa situation géographique par rapport à la Chine, la racine du soleil, 日本. De façon très étonnante, ce pays presque Satellite de la Chine, la Corée, porte le doux nom de matin frais, 朝鮮, ne faisant pas référence au « centre ». Puissance commerçante depuis des millénaire, tout prédisposait la Chine à devenir une grande puissance capitaliste. Voilà qui est désormais chose faite. Les politiciens Européens, Américains ou Japonais protestent, mais les délocalisations ne sont pas le fait de la Chine, mais de leurs propres amis, les Arnaud / Bettencourt / Koch … Ainsi que des politiques de bas salaires qui font que les travailleurs occidentaux n’ont pas d’autre choix que celui d’acheter chinois. La chute d’activité économique et les politiques d’austérité qui se généralisent, loin de pénaliser la Chine, vont en accélérer la croissance. La Chine habille, lave, distrait et bientôt transportera les pauvres du monde entier. À l’opposé des politiques de vieilles puissances qui caractérisent nos pays sur le déclin, la Chine investit, recherche et s’oriente vers des augmentations de salaires pour pérenniser sa croissance. C’est en fait le moment clef, celui où vous allez commencer à comprendre ce qui se passe par ici. Vous commencerez à vous familiariser avec les marques chinoises et leurs produits de qualité, rodés sur le marché intérieur de classes moyennes de plus en plus exigeantes. Le capitalisme chinois sera au moins aussi puissant que le capitalisme américain, mais il sera menacé pas sa propre puissance : la Chine a historiquement un tropisme pour l’éclatement quand elle rencontre des difficultés. Un ralentissement de la croissance attisera donc certainement les rivalités politiques et les prétentions géographiques des différents états qui constituent ce gros machin disparate qui s’appelle le Centre, la Chine. Mais d’ici là, le capitalisme prospère dans cette région pour lequel il semble avec été conçu.
Autours de la Chine, tout le monde sent l’attraction, de plus en plus forte. Ginza pleine de touristes Chinois aux mœurs rudes des nouveaux riches : des paysans en Hugo Boss avec des valises Vuitton. Qui le leur en voudrait… Mais qui se souvient encore qu’il y a 40 ans, c’était la révolution culturelle, les déportations de masse vers les campagnes et le costume bleu. Qu’il y a 21 ans, c’était la répression des démocrates que l’on résume aux événements de la place Tien An Men mais qui s’est étendu à tout le pays, conduit à l’arrestation de centaines de milliers et l’exécution de milliers, dans ce pays où on roulait à vélo et où on portait encore majoritairement le costume bleu. En 20 ans, le capitalisme a transformé le pays, remodelé les villes et les paysages, la culture et les représentations. On m’opposera les campagnes encore pauvres, mais j’en profiterai pour rappeler que le capitalisme n’est pas un bureau d’aide sociale et que le but de ses promoteurs est de gagner de l’argent en maximisant les opportunités d’investissements : entreprises, actions, dette. À cet égard, le capitalisme Chinois est encore très loin de sa maturité, mais la taille de son Ponzi est phénoménale. Quand la bulle se dégonflera, on le sentira passer, et la récession américaine reprendra alors sa juste place : un incident de parcours dans une onde longue de prospérité économique sans précédent dans l’histoire et dont l’épicentre, pour la première fois, n’est pas chez des « Proto-Européens » blancs mais entre Pacifique et Ocean Indien où une autre puissance, laborieuse, discrète et d’une très grande stabilité politique, elle, est en train de naitre dans une indifférence incroyable qui révèle à quel point l’homme blanc, même évolué, progressiste, est victimes de représentations racistes : l’Inde, dont le PIB croit à un rythme de 9%, qui investit dans la recherche pharmaceutique, les bio-carburants, maitrise la technologie spatiale, rempli l’espace de ses satellites de communication et dont les ingénieurs peuplent les départements informatiques des banques et des assurances de toute l’Asie mais aussi d’Europe et des Etats-Unis.

Ma représentation du monde a progressivement changée. Je nous regarde comme des puissances anciennes, au message dépassé par la réalité comme par les événements, vieillissants et blasés, avec des classes moyennes à la ramasse, des intellectuels qui ne regardent pas le monde, mais la France, toujours la France, et le monde à travers les yeux de la France. Un petit pays dont personne n’a plus rien à faire puisque ce petit pays fait comme les autres pays, mais avec l’enrobage du mensonge, la réalité d’une pauvreté qui n’a rien à envier à celle de l’Inde, elle, en plein renouveau. Un pays vieux sans avenir et définitivement tourné, comme tous les pays occidentaux, vers ses gloires passées. Son mai 68 de vieux cons, son rock and roll de vieux cons, son De Gaulle de vieux cons, ses années 70 de vieux cons, ses années 80 de vieux cons, sa haute couture de vieux cons… Un pays bloqué sur son passé, incapable de créer quelque chose de neuf, comme d’autres pays autours de nous, les Pays-Bas tout recroquevillés sur le petit bout de terre qui ne résistera pas au réchauffement climatique, la Belgique en pleine schizophrénie, entre racisme, séparatisme et populisme fiscal, l’Italie et son parrain lifté et queutard, son séparatisme bourgeois du Nord et ses neo-fascistes thatchérisés… L’Allemagne fait figure de grande Dame, avec un avenir lui aussi central, au cœur d’une Europe morcelée et rabougrie sur son histoire et ses fastes anciens, une Allemagne qui échappe à la nostalgie du passé car ce passé récent n’est pas brillant, entre guerre, hitlérisme et occupation américano-soviétique, mais qui s’appuie sur ses entreprises modernes, innovantes et performantes grâce aux hauts salaires des salariés qui peuvent ainsi encore acheter allemand.
L’Asie donne son rythme au monde du présent. Pour la première fois, nous sommes dans un monde post-Americain. Les équilibres du monde à venir émergeront douloureusement dans les décennies à venir, mais il est désormais clair que c’est en Asie que cela se joue en ce moment. Avec un glissement progressif du centre vers l’Inde dont la natalité, plus équilibrée, assurera une croissance plus régulière. La Chine va bientôt avoir à financer un fort contingent de retraités.
Alors, débarrassé de mon tropisme occidental, je savoure les tubes populaires du capitalisme mondial, savourant le triomphe de Marx contre tous les populisme nationalistes. Oui, le capitalisme n’a pas de frontières, il est un mouvement inéluctable, mondial. Aujourd’hui, le capitalisme baragouine l’anglais, et il parle Chinois, Arabe. Peut-être un jour, ce petit tout au bout, après la Chine, loin après, après l’Inde, après la Russie, après Dubaï, au delà de la puissante Germanie, ce petit pays, « le dernier pays avant la mer » (François Mitterrand) se décidera à transmuer sa mémoire et ses nostalgies et, dans de fortes convulsions, se dotera à nouveau d’un avenir à sa hauteur, un avenir à portée universelle, qui fera briller les yeux des peuples du monde en leur donnant envie de briser leurs chaînes et se donner un avenir nouveau. La France sera belle quand son peuple la secouera pour que de nouveau elle se donne au monde sans avoir peur, sans regarder derrière elle, fière de sa course. La Marseillaise ainsi que l’Internationale sont, après tout, des chants de ce petit bout de terre à l’autre extrémité du vaste continent. Et on les chante dans le monde entier…
Le geek, le monde, la France et le socialisme. Pas un film de Rohmer. Pas un film de Greenaway. Une flânerie de vendredi après midi et de vendredi soir sur Le Blog de Suppaiku.
Amitiés, Solidarité
De Tokyo,
Madjid

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