Le Blog de Suppaiku, journal bloggué de Madjid Ben Chikh, à Tokyo.

Ceci n’est pas un bulletin blanc


Voici donc le bulletin que j’ai glissé dans l’enveloppe ce matin à l’ambassade.
Il est ma déclaration d’indépendance, ma libération.

Je vous expliquerai plus tard comment j’ai vu, senti, ressenti, suivi cette campagne mais également ces dernières années, comment j’en étais arrivé il y a deux ans, quand j’avais lancé l’idée d’être candidat, que si ce n’était pas moi, alors je m’abstiendrais. J’ai renoncé à cette aventure faute de soutien, personne n’a voulu faire ce pari fou de « réinventer la France ».
Je me tiens à ma résolution. Et si vous me suivez, si vous me connaissez, vous pouvez mesurer ce que cela représente.

Je vote pour nous, pour l’avenir. Je vote de confiance, je vote de beauté.

Je fais un vote de renaissance et de reconnaissance envers ce qui fut la source de mon engagement politique, à quinze ans.
La dignité de mon père et de ma famille dans la lutte pour l’indépendance algérienne. La dignité de tous ces immigrés et de ces provinciaux déracinés et transvasés dans ces usines et ces grandes banlieues au tournant des années 60, dénués de tout dans l’état autoritaire gaulliste et pourtant n’hésitant pas à lutter et à espérer. La dignité des marcheurs de 1983 au moment même où l’idéologie d’un Socialisme vieilli amorçait son lent naufrage.
J’ai confiance en nous, et désormais je sais à partir d’où redémarrer une marche politique réinventée.

Je n’ai plus peur de ce chantage au FN, vingt ans que cela dure, et je ne vois que se rapprocher l’échéance. Je n’ai entendu aucun candidat parler du point politique où depuis deux ans je me trouve, le « point zéro » (je vous en parlerai dans quelques jours), le point du loser qui s’assume, moi, le démocrate socialiste, bien décidé à ne plus dévier d’un iota d’où mon évolution politique m’a conduit, à savoir l’origine ressourcée par l’expérience.

Je saute, deux pieds joints, dans l’inconnu, bien décidé à apporter ma propre lumière aux victoire à venir. Je suis libre désormais.

J’ai le secret espoir aussi que mon geste ne blessera pas ces camarades qui ont suivi la France Insoumise et que je respecte. J’ai veillé à ne pas trop les critiquer durant cette campagne, à protéger leur espoir de conjurer la triste réalité qui s’impose pourtant, et qu’aucune campagne ne parvient à effacer de ma raison, à savoir que toute additionnée, la gauche ne dépasse pas 30%, et qu’il nous faudra autre chose que de puissants algorithmes, NationBuilder © et un marketing de cible pour reconstruire le champ de ruine idéologique et politique dans lequel nous sommes.

J’ai fait un joli bulletin, aussi réaliste que possible, pour Aïcha. Elle le méritait. J’ai choisi la même taille de caractères, j’ai joliment découpé.

J’ai toujours pensé que tout est dans le début, qu’il faut bien commencer les choses.

Mon vote ne changera rien à l’échelle du monde, mais il revêt un sens particulier. J’ai osé m’affranchir d’un poids dont vous ne pouvez pas mesurer la force. Aujourd’hui, je fête mon indépendance.

Microblogging – Je suis dans la longue file à l’ambassade, combien de temps faudra-t-il attendre sous le soleil. J’ai pris le bulletin de secours, ça c’est comme quand j’ai arrêté la cigarette, je me suis arrêté en gardant avec moi un paquet.
Microblogging – La file est très longue, certains disent qu’il faut deux heures, je fais le pari qu’il n’y en aura que pour une heure. On verra. Ça avance mais ce n’est pas rapide. Peut être il faudra que je revienne plus tard. Mais je n’ai pas envie. Je m’accroche. J’ai donné rendez-vous à Jun, m’est avis que je serai en retard…

Microblogging – Ça a pris deux heures. Je n’ai pas flanché, j’ai pris tous les bulletins de Macron à Arthaud, je suis entré dans l’isoloir, j’ai sorti le bulletin que j’avais veillé à faire aussi approchant d’un vrai bulletin, et j’ai bien réfléchi. Et ça a été comme quand je suis venu au Japon, c’est ça que tu veux?, et j’ai mis le bulletin dans l’enveloppe.

J’ai voté pour Aïcha.

La publication de ce billet écrit dans la journée du 23 à Tokyo, est planifiée à 20 heures, heure de France. Je ne connais pas les résultats, même si je pense que François Fillon et Le Pen ont une forte chance d’être devant, ce en quoi j’espère me tromper.

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