Finalement le temps a été très clément, je veux dire par là qu’hormis une chaleur étouffante et quelques averses, nous avons eu du soleil et la promenade a été très agréable. On s’attendait à de grosses pluies avec de l’orage et finalement tout s’est très bien passé. Ninna-ji le matin, pour la première fois depuis des années sans tonnerre ni averse.
J’ai failli exploser la bonne femme à l’entrée. Ils ont fermé la vente de billets habituelle, maintenant on entre directement. Je retire mes chaussures, monte les quelques marches, je vois un espèce de truc sur le seuil avec un film plastique, il y a des tampons, des affaires, je pense que c’est l’endroit où ils font les signatures pour les livres de pèlerinages, je m’avance vers ce que je crois être la caisse et la voilà qui surgit de nulle part en hurlant en anglais de katakana « ticket, ticket, you need a ticket », et elle me barre la route en me montrant le truc avec le vynil qui doit finalement être la caisse, et je lui répond en japonais de yakuza, « et c’est où, les tickets? », elle sursaute et me montre l’espèce de machin qui sert de caisse, elle me montre les prix et tente de m’expliquer en me montrant bien comme si j’étais incapable de la comprendre et alors qu’elle va me dire qu’il y a deux tarifs je lui dit en japonais de quartier diurne, c’est à dire en lui tendant un billet sans la regarder et en lui baragouinant un « ici seulement ». Elle me rend ma monnaie et le billet et je la zappe. J’imagine que 9 personnes sur 10 ne sait pas où acheter les billets tellement c’est désorganisé, mais un étranger, c’est à son avis visiblement un voleur. Je l’ai zappé à la japonaise, sans excuses et avec mépris.
Bon, j’ai l’air d’avoir été en colère mais en fait pas du tout, une fois l’épisode passé, j’ai failli exploser de rire. Il n’y a plus un touriste au Japon, et si Ninna-ji est à ce point désorganisé, c’est qu’ils ont du virer tous les petits boulots qui faisaient l’accueil. La fille était à ce moment là seule en charge de l’entrée, des souvenirs et elle devait aussi se taper les bouquins de signatures, pour sûr qu’elle était débordée, et c’est précisément parce qu’il n’y a plus du tout de touriste. Elle aurait pu me faire signe quand elle m’a vu, me dire d’attendre, de toute façon je me dirigeais vers d’où elle est sortie de nulle part, ça ressemblait un peu plus à une caisse. Mais me faire le coup de l’étranger qui veut pas payer, ça non.
La visite a été très agréable, je vous ferai un album quand je serai à Tokyo. Ici, je n’ai que mon vieux Macbook et il patine comme un dingue quand j’édite des photos. Ça attendra.
On est allé ensuite à Myôshinji, et là, dans un des petits temples du complexe, tout le contraire, un couple – le moine et sa femme-, leurs enfants, très gentils, je veux dire le monsieur nous a vus alors qu’on entrait dans le jardin car à l’entrée rien n’était écrit, on ne savait pas trop si on pouvait visiter, ils nous a demandé si on venait prier, on a dit non, il nous a demandé de passer vers l’entrée tout en continuant à jouer avec son fils, et là sa femme est arrivée, elle a fait une drôle de tête en me voyant avec ma tête enturbanée avec une casquette dessus, et le masque de rigueur, et puis elle nous a donné nos billets et nous a souhaité une bonne promenade. La pluie s’est mise à tomber juste à ce moment là, c’était finalement très agréable. Quand on est sortis, le deuxième fils courait dans tous les sens et elle lui courait après, j’ai souri, elle nous a souri en nous disant au revoir. Daishin-in, que s’appelle ce temple.
Et pour continuer dans ce périmètre, un autre jardin où nous sommes allés assez souvent, avec de très belles mousses. Le Keishun-in. Un très bel endroit avec une dame très gentille à l’entrée qui nous a souhaité une belle promenade dans un Keigo (langue de politesse) surbétonné. Go-yukkurinasattekudasaimase.
Enfin, le Taizô-in, dans une autre partie du complexe, c’est la photo d’illustration. Le soleil est finalement réapparu pour ne plus nous quitter, on a même eu droit à un vague double arc-en-ciel.
Toute la journée, le chant des cigales…
Le temps passe vite mais ce séjour m’est incroyablement profitable, loin de la ville, du travail, du coronavirus, de Facebook et de l’actualité. J’espère encore dormir aussi bien qu’hier soir…
Bonne fin de journée.