En défense de Tariq Ramadan

J’ai appris à respecter Tariq Ramadan, et je n’ai ni honte, ni gêne à le dire, et ne le mettant pas sur un piédestal, la nouvelle des accusations ne m’a pas ébranlé ni même déçu. J’ai juste vu un rappel qu’on peut être brillant et être un porc à la fois.

J’ai écrit ici et là sur Facebook quelques commentaires au sujet des accusations de viols dont fait l’objet Tariq Ramadan, mais j’en ai écrit bien peu. J’ai également mentionné cette affaire sur ce blog il y a quelques mois pour exprimer mon dégoût face à l’expression d’islamophobie et de racisme dont elle a fourni un prétexte facile.
C’est un sujet tordu, difficile, car il s’agit de viol, et le viol est un crime. Quand au départ l’information est tombée, j’ai pensé qu’il devrait payer pour son crime car la sanction ne se discute, ne se transige pas. Le viol est un crime.

Mais voilà. Très rapidement la bronca médiatique s’est acharnée sur M. Ramadan en oubliant, on était en pleine « séquence » #MeToo (le terme médiatique de « séquence » a montré ici toute sa justesse, puisque c’est une affaire désormais oublié, exactement comme au cinéma une séquence en chasse une autre), que des accusations sur des personnalités, il y en avait eu beaucoup sans entrainer ni l’acharnement, ni la mise en examen, ni l’incarcération. Pour mémoire (vous pouvez aller vomir en cours de route, cette page ne s’auto-détruira pas):

– Le samedi 9 février 2002, Jean-Michel Ballet, sénateur et président du Parti Radical, reçoit à son domicile son assistante parlementaire Bernadette Bergon et la contraint à démissionner en la martelant de coups au visages et sur le corps durant toute une nuit. Elle quitte les lieux, selon son témoignage lors de son dépôt de plainte le 15 février 2002, entièrement nue et après avoir signé sa lettre de démission « pour raison personnelle » et « sans préavis », munie de ses seules lunettes et avec des traces de coups constatées par un médecin comme par sa famille.
L’affaire est classée sans suite, les journaux qui ont évoqué l’affaire ont tous été poursuivis par monsieur Baylet qui, visiblement, a le bras long et des soutiens divers et variés (l’entre-gent masculine et bourgeoise…). On évoque une transaction financière ayant abouti en 2005 au retrait de la plainte.
Jean- Michel Baylet a été candidat à la primaire socialiste de 2011, ministre de François Hollande, il est un soutien actif et sans soucis d’Emmanuel Macron.
À noter également qu’il a été poursuivi deux fois en justice pour des affaires de corruption mais qu’il n’a jamais été condamné car chaque fois les faits étaient « prescrits ».
Nous sommes tous égaux, mais certains sont visiblement plus égaux que d’autres.

– Le 18 mai 2018, l’actrice Sand Van Roy a porté plainte contre le réalisateur Luc Besson. Il s’agit d’une accusation de viol et de coups, ainsi que d’actes de « contrôle mental » ayant duré plusieurs années, alternances de propos dégradants et protecteurs à la fois. Depuis, d’autres femmes ont commencé à parler.
Les médias sont plutôt silencieux sur cette affaire et Luc Besson est toujours en liberté. On assiste même à une campagne de dénigrement de la plaignante.

– En 2016 éclate l’affaire Denis Baupin, membre de EELV, accusé de harcèlement sexuel « insistant » et de violence à caractère sexuel « quotidien » par sa camarade de parti Sandrine Rousseau. Isabelle Attard évoque pour sa part des SMS et un harcèlement régulier.
L’affaire est classée « sans suite » car les faits sont « prescrits ».

– En 2016, Jean Marc Morandini est accusé par un ancien candidat d’une émission de télévision. On découvre ses méthodes de casting à base de masturbation de jeunes garçons mineurs et de propositions pouvant être assimilées à du proxénétisme. Après une mise en examen (sans incarcération) et le versement de 6.500 euros au plaignant, l’affaire est classée.
Jean-Marc Morandini continue de faire la morale, la pluie et le beau temps à heures de grande écoute à la télévision et à la radio.

– Nicolas Hulot, accusé de viol par la photographe et petite fille de François Mitterrand n’est pas poursuivi et s’est vu assuré la solidarité gouvernementale car « la plaignante ne peut apporter la preuve des faits » et que ces faits, remontant à 1998, sont prescrits… et puis Gérard Darmanin… et puis George Tron… Etc etc etc etc etc etc

Il y en a d’autres, mais je ne veux pas boucher vos toilettes avec ces porcs en costume-cravatte.

Revenons maintenant à Tariq Ramadan. Pour être très clair ici, je n’appartiens pas à la « génération Ramadan », Tariq Ramadan n’a jamais été mon inspiration philosophique, politique, morale, religieuse. Je l’ai toujours regardé comme un animal médiatique, du genre dont se régalent les télévisions, et je lui ai toujours reconnu un réel talent en la matière. Quand des accusations de double langage ont commencé à circuler, je me suis renseigné sur le net, il y a pléthores de vidéos, et non, je n’ai pas entendu de « double langage » et j’ai même découvert que ses propos étaient très souvent déformés parce que nous sommes dans l’âge de la simplification outrancière qui assure des ventes d’espaces publicitaires.
Ainsi l’exemple de la lapidation des femmes, qui est une véritable caricature de détournement. Il explique qu’à titre personnel il n’approuve pas ces pratiques. Il précise ensuite qu’en droit musulman ce n’est pas clair et que cela doit être mis en contexte et discuté. Il conclut donc qu’il faudrait énoncer une Fatwa (loi) instaurant un arrêt (moratoire) de toute lapidation dans le monde musulman pour une certaine durée, le temps que les différentes autorités discutent le sujet et qu’elles élaborent une nouvelle règle, c’est à dire une nouvelle loi appliquée dans l’ensemble du monde musulman et fondée sur l’interprétation des textes.

Il s’est vu pour cela accusé de défendre les lapidations et d’avoir un double langage (en gros je suis contre mais j’approuve). Hmm… Dois-je rappeler que concernant le mariage homosexuel, la dépénalisation de l’homosexualité, les électrocutions, les castrations, les mises en prison, etc, l’occident « démocratique » a globalement procédé de la même façon? À savoir appliquer la loi (les dernières condamnations pour des « crimes » relevant de l’homosexualité » datent en France de 1978!) avant de délibérer pour éventuellement changer?

La seule différence est que Tariq Ramadan propose de le faire dans le cadre du droit musulman, ce que visiblement certains ne veulent pas comprendre ni admettre. En quoi cela est-il du double langage? Et j’avoue qu’une fatwa, longuement discutée, aboutissant à une interdiction de la lapidation, aurait beaucoup plus de poids, de pouvoir jusque dans les contrées les plus reculées et les plus aptes à commettre ce type d’acte que les énonciations de principes bêlants d’une Caroline Fourest critiquant Tariq Ramadan sur les plateaux de télévision avant de rentrer dans son appartement cossu de petite bourgeoise de province ayant fait sa scolarité chez les sœurs.

Qu’on ne se trompe pas dans mes propos. Tariq Ramadan est une personnalité médiatique et on a donc tout à fait le droit ne ne pas l’aimer, au même titre qu’on a le droit de ne pas aimer Nabilla, Véronique Sanson, Michel Jonaz, Jean-Pierre Pernaud ou Emmanuel Macron. Et comme avoir le droit de ne pas l’aimer est légitime, le respecter, l’admirer, l’écouter l’est tout autant.
Les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite par Emmanuel Macron ont en un an fait bien plus de victimes au Yemen que toutes les vidéos et conférences de Tariq Ramadan réunies, croyez-moi, et pourtant on « admet » que des personnes aiment Emmanuel Macron et trouvent sa femme « superbe » quand en réalité en sachant bien regarder on peut voir les éclaboussures du sang d’enfants yéménites sur ses ensembles zippés nouveau-riche et ses jean moulants à taille basse offerts par sa copine de Louis Vuitton. Au passage, cela ne gêne pas grand monde que l’Arabie Saoudite soit, précisément, l’un des promoteurs les plus zélés de la lapidation.

Question de perspective.

Personnellement, en me renseignant sur Tariq Ramadan, et cela depuis pas loin de 10 ans, j’ai appris à l’apprécier, sans toujours être d’accord. J’ai appris à apprécier son intelligence, sa culture, sa pondération (et non pas modération car c’est un homme de conviction), j’ai compris que cette accusation de double langage (stéréotype de l’Arabe dans les classifications raciales en cours au 19ème siècle) se nourrissait de la même source que l’accusation d’intellectualisme incompréhensible pour Michel Rocard, à savoir que et l’un et l’autre respectent (ou respectait dans le cas de Michel Rocard) leurs interlocuteurs et prennent le temps de développer une pensée. Et puis, par les liens sur internet, j’ai découvert d’autres de ces imams et sages musulmans, américains notamment, et j’ai constaté que l’Islam est aujourd’hui beaucoup plus vivant, pluriel et ouvert aux questions de sociétés que les caricatures qui en sont faites.

J’ai ainsi beaucoup aimé un débat où Tariq Ramadan, un pasteur, un prêtre parlaient de l’homosexualité dans les religions (devrais-je préciser monothéistes…) face à Mohammed Zahed, fondateur de la première mosquée inclusive de France et imam ouvertement homosexuel. J’avoue, s’il y avait plus de débats de ce type, la religion cesserait d’être le prétexte aux persécutions dont les homosexuel.le.s sont victimes dans beaucoup de pays musulmans puisqu’en réalité, l’Islam n’est pas homophobe. L’islam aspire à la perfection ascétique, ce qui est très différent. Si l’Islam avait été homophobe, je me demande bien ce que des Pierre Loti, des Oscar Wilde, des Lawrence d’Arabie, des André Gide, des Jean Cocteau et autres bourgeois blancs seraient allés chercher en terres d’Islam, au point dans un premier temps d’en faire un havre de liberté sexuelle à leur avantage, au point de transmettre aux populations locales une détestation particulière pour l’homosexualité désormais associée à une forme d’exploitation, de domination, de prostitution et donc de dégradation qu’il faudra des décennies et des décennies pour effacer, le tout renforcé par l’arsenal législatif homophobe laissé par le colonisateur lui-même.

J’ai appris à respecter Tariq Ramadan, et je n’ai ni honte, ni gêne à le dire, et ne le mettant pas sur un piédestal, la nouvelle des accusations ne m’a pas ébranlé ni même déçu. J’ai juste vu un rappel qu’on peut être brillant et être un porc à la fois.

Je n’ai donc eu aucun problème particulier avec sa mise en examen. S’il y a viol, alors il doit être inculpé, et j’aurais presqu’envie de dire que puisqu’il était une autorité morale et religieuse, la sanction doit être claire, sans circonstances atténuantes. Tout comme on aurait pu le souhaiter pour Jean-Michel Baylet et Nicolas Hulot ou n’importe lequel des salopards cités plus haut… Tiens, j’oubliais Michel Sapin qui tirait sur les élastiques de soutiens-gorge de ses assistantes, un rigolo, lui, hein!

Mais pour que cette sanction soit sans appel, les droits de l’accusé doivent être respectés. Or, dès le départ, c’est une véritable campagne à charge qui est menée, sans aucune place pour l’accusé ni la défense de l’accusé. Pire, de fausses nouvelles qui font la une avant d’être corrigées en bas de page, des contradictions dans les témoignages, des rétractations, des modifications de dates et d’heures après que la défense ait souligné une impossibilité matérielle, des mensonges, le plus troublant étant celui que les deux plaignantes ne se connaissaient pas avant de découvrir que non seulement elles se connaissaient mais qu’en plus elles se connaissaient pas Alain Soral interposé qui est un ennemi déclaré de Tariq Ramadan. Et puis surtout, et cela dès le départ, un contraste saisissant entre l’intransigeance contre Tariq Ramadan et l’incroyable clémence contre les autres auteurs de viols présumés.

Présumé, ce mot que l’on n’accolle jamais au nom de Tariq Ramadan. Et enfin cet incroyable défouloir, ce ouf de soulagement lancé en chœur par tous ceux et toutes celles pour qui l’Islam est le problème, « on a eu sa peau », ce « bien fait pour sa gueule » et quand on rappelle qu’il n’est que présumé innocent, ce « de toute façon, je peux pas le pifrer ». Une sorte de mise à mort en place publique, un lynchage médiatique sans borne, ni limite ni modération d’aucune sorte.

Ce n’est pas le violeur présumé qui est incarcéré, jugé, à qui on refuse une remise en liberté avec un bracelet électronique pour qu’il puisse suivre un traitement contre sa sclérose en plaque, c’est l’imam et au delà, c’est l’Islam.

Jamais, je dis bien jamais, je n’aurais cru à 52 ans devoir écrire un article pour défendre un imam en me réclamant de sa communauté religieuse, à savoir la communauté musulmane, et écrire ainsi « ma » communauté musulmane, à moi, musulman.

Et si je me retrouve ainsi à le faire, c’est parce que ce mot, cette religion « vous » gênent. Quand un crime odieux frappe un vieux monsieur à la veille de l’élection présidentielle de 2002, une vieille dame en 2018, l’émotion est forte, et qu’importe si finalement ce vieux monsieur était un porc qui violait une toxicomane en profitant de sa faiblesse, chose qu’on apprendra plus tard, et qu’importe qui la vieille dame n’a finalement pas été tuée parce qu’elle était juive, mais sa judéité a été utilisée par ses assassins pour justifier ce qui était avant tout un crime crapuleux (et je note au passage que Mme Halimi, en 2017 avait été tuée bel et bien parce qu’elle était juive et que l’affaire a elle été savamment tué, provocant un très juste émoi chez beaucoup de juifs et expliquant la réaction immédiate après l’assassinat de Mme Knoll). Tous, de toutes origines, sommes émus et exprimons une solidarité face à l’abomination du meurtre, les origines s’estompent, et c’est magnifique.
Eh bien il y a une semaine des jeunes gens, dois-je préciser musulmans, ou arabes?, ont été d’abord poursuivis par une voiture puis criblés de balles, des jeunes gens sans histoire au dire du voisinage, et le caractère raciste de l’attaque est soumis à caution, on évoque l’éternelle guerre de bandes rivales, et ce malgré des témoignages concordants concernant des insultes au moment des attaques. Quand aux crimes racistes, quand aux bavures impunies, elles n’émeuvent personne, il faut croire qu’il existe deux catégories de citoyens, la seconde catégorie étant précisément celle pour qui en 2016 avait été proposée la déchéance de nationalité.

Je ne vois aucun « français », entendre par là blanc, catholique ou athée, agiter le risque d’une grossière erreur judiciaire dans le cas de Tariq Ramadan, envisager que nous avons affaire à une sorte de coalition disparate de courants de la société française convergeant dans leur détestation de l’islam, leur envie de le plier et de l’effacer, d’une vision liberticide de l’affaire où ce qui compterait ne sont pas tant les faits reprochés que le sentiment de satisfaction que procurerait le fait d’avoir eu sa peau au plus médiatique des imams. Personne ne soupçonne que cette accusation tombant juste au moment où l’Arabie Saoudite isole le Qatar, il se pourrait que l’imam puisse être une victime de ce nouveau cours régional, lui qui donnait des conférences à Doha. Personne ne s’interroge sur le fait que « Christelle » ait été candidate de droite extrême (Dupont-Aignan) en 2012 et avec Marine Le Pen en 2017. Pour envisager l’erreur judiciaire, je ne vois que des musulmans. Certains par aveuglement, groupies défendant leur gourou en allant jusqu’à élaborer des théories fumeuses. D’autres comme moi, atterrés de voir se reproduire exactement la même mécanique que lors de l’affaire Dreyfus, à savoir la mise en accusation d’un homme pour des faits considérés comme définitifs à leur époque respective (la collusion avec l’ennemi, en 1895, le viol de nos jours) sous le poids de preuves considérées comme indiscutables, et malgré des contradictions, une condamnation dans les faits avant même le jugement et absolument aucune clémence face à des attaques de médias définitivement acquis à l’accusation, des suspicions de trahison envers tous ceux qui douteraient de la solidité du cas, ou en tout cas interrogeraient un peu trop certains éléments (on se souvient des mots de Manuel Valls appelant quasiment au meurtre d’Edwy Plenel, comme ça, out of nowhere).

Du coup, je me souviens être musulman, d’être désigné comme tel, par vous, par votre silence, par votre trop fréquente indifférence face à notre sort, d’être réduit à cette identité puisque celles et ceux qui ne le sont pas ont décidé d’avoir l’indignation sélective tout en hésitant pas, elles et eux, à me demander de m’indigner tous en chœur avec elles et avec eux. Exactement comme le rapporte le film Shoah au sujet des juifs dans les années 30/40.
On avait moqué Hortefeux ventant les qualités de son arabe de service qui « mangeait du porc et buvait de l’alcool », j’aurais presqu’envie de dire qu’au moins Hortefeux avait le mérite de la franchise et de l’honnêteté, parce qu’à gauche, finalement, derrière les jolies tournures sur « la diversité », on en pense finalement pas moins, et en tout cas les actes ont de belles allures hypocrites.

Alors voilà. Je ne vais pas vous saouler plus longtemps. Mais si vraiment, vraiment, ça vous gave de me lire écrire que je suis musulman, si ça vous gave que je vous désigne comme blancs et collabos (et merci, je sais, les races n’existe plus et je rappelle que j’ai la peau certainement plus blanche que 70% de mes lecteurs, en été, je ressemble à un allemand ou à un écossais, je crame), je vais vous inviter à vous débarrasser de ce fardeau, de votre certitude blanche et de votre moralisme blanc et à me sortir de cet isolement (je dis isolement, mais en réalité, je sais que nous sommes nombreux comme moi, et comme j’ai choisi où je me situe, je ne me sens pas seul du tout), ou en tout cas ce qui vous semble tel.

J’aimerais vous proposer de regarder les choses d’un autre angle. J’aimerais vous proposer de regarder les crimes racistes pour ce qu’ils sont, et comprendre comment nous les vivons. J’aimerais vous proposer de comprendre l’abjection profonde qu’il y a eu à oser penser à la déchéance de nationalité, à comprendre ce que cela a voulu dire pour la valeur de notre prétendue citoyenneté.

Et j’aimerais enfin, et je sais que ce sera le plus difficile, vous inviter à envisager, ne serais-je qu’une seconde, que Tariq Ramadan, tout queutard qu’il puisse être (et vous me connaissez, je ne pense pas que ce soit un crime si ses partenaires sont consentantes, cela ne regarde que lui, ces femmes, son épouse que je plains et que je salue pour devoir subir un tel déballage, et sa relation avec Allah puisqu’il a décidé de consacrer sa vie à la foi, et toutes celles et tous ceux qui croient en lui, et qui à travers l’adultère qui lui est avéré, peuvent mesurer à quel point la vie est quelque chose de plus complexe, que la foi est une chose et que l’observance en est une autre et que ce n’est pas à nous de juger, on a toute une vie pour approcher d’un idéal, quel qu’il soit, pourvu qu’on ne juge pas les autres…), puisse être innocent des crimes qui lui sont reprochés.
Nous avons un homme atteint de sclérose en plaque en prison depuis 6 mois, à qui on n’autorise rien, à qui on ne laisse rien passer malgré les contradictions accumulées par l’accusation et la faiblesse des charges. Je vous invite également à envisager qu’il soit coupable, et à l’effet dévastateur d’un tel acharnement dans son cas (surtout quand on pense à la très grande clémence pour les autres), à tout ce que cela nourrit de ressentiment, d’incompréhension parmi celles et ceux qui gardent leur confiance. Je vous invite enfin à écouter la façon dont les plaignantes conduisent leur défense, parlant bien moins des faits que de la responsabilité de la religion, l’islam. Et à regarder en face que les deux plaignantes sont proches de l’extrême-droite.

Une chose très rare, je vous invite à lire un très long article qui ne prend pas parti mais a été écrit en donnant sa chance à la défense, puisque partout dans les médias on est du côté des plaignantes, même quand leurs propos se contredisent voire sont totalement incohérents. L’article est très long, il est documenté, avec une bonne cinquantaine de liens, parfois vers les archives internet Google permettant de retrouver des messages ou des articles effacés depuis. Pour quelle raison, tiens…

J’ai trop longtemps gardé le silence. Par respect pour les victimes, tout en trouvant le traitement de Tariq Ramadan injuste. Je l’ai écrit. La lecture de ce très long article, qui va bien plus loin que ma simple intuition après avoir lu beaucoup sur le sujet (et il ne s’agit pas de sites bizarres, mais de site très courants, mais juste en recoupant les informations), m’a décidé a vous livrer mon intime conviction.
Je pense que Tariq Ramadan est innocent de ce dont on l’accuse. Je pense que tout comme Dominique Strauss-Kahn, Tariq Ramadan aime le sexe, et que sa notoriété l’a aidé à se taper toutes les filles dont il avait envie. Et que quelque chose est arrivé dans la vie avec Henda Hayari qui l’a conduite à conduire cette charge, et que « Christelle » quand à elle, poursuit un agenda politique, et que Caroline Fourest est celle qui a apporté la crédibilité médiatique à l’accusation, trop heureuse de se payer l’imam face auquel sa pauvreté intellectuelle n’a jamais fait le poids. Et qu’après, tout est allé en vitesse automatique. Tariq Ramadan est, comme Dreyfus, un bouc émissaire pratique dans ce qui se transforme progressivement en affaire politique. Il est à l’intersection de contradictions très fortes au sein de la société française.

Je respecte complètement le point de vue opposé, bien entendu, je ne suis pas juge. Mais j’aimerais que vous envisagiez que s’il est coupable, le traitement qui lui est infligé et l’inconsistance des témoignages devraient, au minimum, permettre à Tariq Ramadan d’être autorisé à sortir de prison, avec un bracelet, afin de recevoir le traitement dont il a besoin et dans les meilleures conditions.

Envisagez une seule seconde qu’il meure en prison, et qu’il était innocent. Votre indifférence à cette affaire vous en rendra totalement complice. Pour ma part, je refuse d’être complice de cela.

Bousculez vos certitudes pour une fois. Soyez juifs quand vous ne l’êtes pas. Soyez musulmans quand vous ne l’êtes pas. Soyez noirs quand vous ne l’êtes pas. Voyez ce que les autres voient à partir de leurs points de vue, et voyez à quel point le traitement, la charge, tout est inégal et comment les dés sont pipés. L’affaire Ramadan est l’occasion, pour la gauche blanche, de commencer à regarder les choses autrement. Si elle en a le courage, et il en faut quand on voit à quel point Ramadan est agité comme un épouvantail, j’ose espérer qu’au delà elle découvrira l’étendue des injustices dont sont victimes les populations racisées et les révisions nécessaires qui s’imposent en même temps que les incroyables perspectives politiques qu’elles esquissent.

Je vous invite à lire l’article qui suit, environ 40 minutes de lecture bien documentée, je sais, c’est très long, et à visiter les liens, incluant des sites internets banals comme Libération, Le Monde, BFMTV ou Le Point. Et à oser concevoir que dans cette affaire, c’est toute la société française qui, en se prenant à ses propres pièges et à ses propres fantasmes, est en train de perdre et son honneur et sa dignité dans ce qui s’apparente à une infâme affaire politique aussi abjecte que l’affaire Dreyfus, et exactement pour les mêmes raisons.

Affaire Tariq Ramadan, le spectre de l’extrème-droite, par Mathieu Vernerey (sur son blog)


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