Quand j’ai emménagé dans mon quartier, la pancarte à la devanture du salon de coiffure qui longe la voie de chemin de fer m’a fortement intrigué. Varia flee, est il écrit en lettres romaines. Et puis un jour ça s’est éclairci, j’ai vu la plaque de métal à l’entrée qui adouci la marche et rend le salon accessible aux handicapés. Barrier free. Bah oui, il n’y a pas de « b » ni de « v » à proprement parler, mais une sonorité intermédiaire qui, à nous, nous parait être un « b », mais que les Japonais entendent indifféremment « b » ou « v ».
Mon étudiante Hiroko, une femme d’un certain âge mais très volontaire dans ce qu’elle fait malgré l’âge et une maladie des os m’a dit à quel point se déplacer dans Paris, dans tout la France, est difficile. Il n’y a en effet ni le personnel ni les équipements. À Tôkyô, si la situation est certainement loin d’être parfaite, j’en mesure tout de même la profonde différence avec la France, et notre situation me fait honte.
Les handicapés paient des impôts, ils votent, ils travaillent. Ils sont le faire valoir des bons sentiments proclamés lors de dégoulinants têléthons ou d’hommages à Lino Ventura. Ils valent même à notre Président une joute lamentable où il a dévoilé le caractère « hystérique » de Ségolène Royal durant le débat, lui demandant de « garder son calme ». On est 4 ans après, et je ne crois pas que la situation du handicap aie fondamentalement changé en France. Ségolène avait raison. Nous sommes immondes avec les handicapés, nous, le « pays des droits de l’homme », nous la République laïque et Universelle, qui fait l’égalité contre la division du « communautarisme » et qui fait sa leçon au monde entier sur le comment du pourquoi du ce qu’il faut faire et que chez nous c’est beaucoup mieux.
À Tôkyô, il y a des ascenseurs pour accéder au métro. Si vous vous présentez en fauteuil roulant au guichet, un agent vous escortera jusque sur le quai aprés avoir prévenu la station où vous descendez, soit pour une correspondance, soit pour sortir. Il sera muni d’un petit tapis qui facilitera l’entrée de votre fauteuil dans le wagon. Le conducteur, averti, demandera aux passagers de patienter quelques instants. Dans beaucoup de stations, il y a des rampes mécanisées auquelles vous pourrez accrocher votre fauteuil pour monter les marches, avec l’aide d’un agent que vous aurez appelé sur l’interphane situé à proximité, à environ un mètre du sol pour qu’il vous soit accessible.
À Tôkyô, dans un très grand nombre d’endroits, à commencer par le métro, il y a des bandes de plastiques jaunes qui vous guideront, si vous ne voyez pas, dans ce détalle qu’est la mégalopole. Il y a un peu partout des défibrilateurs qui vous maintiendront en vie si vous faites un arrêt cardiaque. Si vous allez dans les édifices publiques, il y a partout des rampes qui contournent les escaliers, votre fauteuil les gravira à l’aise car en générale, la pente y est douce. Mieux, à chaque fois que vous aurez sollicité de l’aide, on vous dira merci à la fin. Ainsi, dimanche, dans le bus, une jeune femme en fauteuil. Il y a des place aménagées pour les fauteuils dans les trains, les métros. La NHK diffuse certains programmes avec un sous titrage et le language des signes.
Il y a suffisamment de choses qui ne tournent pas dans ce pays pour que je souligne comment, ici, le Japon fait remarquablement bien les choses, notamment en comparaison du pays dont je viens, donneur de leçons et pourfendeur des « injustices », mais traitant des handicapés comme des victimes et des sous êtres tout juste bon à exprimer, le temps d’un programme télé où d’une élection, quel point on est bon, à quel point on est gentil. Et qui enferment les handicapés dans leur infirmité en les privant de l’accès à tout ce qui fait la vie et les petits bonheurs. les musées, le métro, le bus, les cinémas. L’espace public.