Mercredi nuageux, comme toujours !


Edith Piaf, le retour… ou comment Edith Piaf se retrouve enversaillée, enmariantoinettisée, enchocolatisée et enfrancisationnée par le Japon… « Hymne à l’amour, la Légende d’Edith Piaf »… Tout un programme… Le mec, c’est Charles Dumont ? Yves Montand ?
J’en ai un peu assez, de mes « week-ends » de semaine avec la pluie, le vent… C’est un printemps pourri que nous traversons, pas de chance ! Enfin, il fera beau quand je serai au travail… Rageant !
J’ai reçu deux messages au sujets de NOVA et je préfère y répondre dans ce post plutôt qu’en commentaire. Tout d’abord, Kenji (je suppose le webmestre de Comme ça du Japon où j’ai indexé mon blog) qui constate que ma description est différente de ce que l’on a coutume d’entendre. Je pense que cela tient à mon âge, 41 ans cette année, et par conséquent à ma propre expérience.


N’en déplaisent aux apologistes aveugles du Japon tout beau tout propre tout gentil, il y a à Tôkyô de vrais SDF qui vivent comme des poubelles, sales, seuls, dans l’indifférence générale d’une société d’égoïstes qui ne pensent qu’à eux et il y en a même beaucoup. Et il y a pas mal de graphitis, de graphs, de bombages…
J’ai connu pas mal d’entreprises et par conséquent cela me donne du recul : NOVA, ce n’est pas l’enfer loin de là. Le salaire est correct, même si les augmentations se font rares (comme dans toutes les entreprises !). Les chefs sont polis, travaillent comme leurs employés, même s’ils se réservent parfois les heures sans élèves (qu’ils occupent toutefois à faire toute leur paperasse de chefs). Les big-boss sont invisibles et quand ils sont là, ils sont corrects même s’ils sont souvent distants et ne conversent qu’avec les chefs (mais après tout c’est leur boulot). Bref, ce que je décris, chacun peut le vivre dans son entreprise et je ne vois pas en quoi c’est si terrible que cela ! Pour ma part j’ai un manager du sud-ouest de la France, direct mais avec un bon fond qui se sent rapidement et qui aide à faire passer le côté « direct ». Et pour avoir rencontré the big chef lors de ma première journée, je ne vois pas trop de différence. Il a des responsabilités, point. Dans l’équipe qui s’occupe du Kantô il y a une réelle volonté de recadrer, j’aurais presque envie de dire professionaliser le travail : je ne peux pas être contre, j’ai entendu des remarques sur NOVA venues de Japonais et ne puis que souscrire à ce projet. Je sais que ça fait grincer des dents, mais vraiment, en deux mois, je n’ai pas entendu quoi que ce soit de redoutable et mes collègues récemment arrivés et ayant eu leur « évaluations » de 6 mois n’ont pas encore essuyé de ces histoires qui innondent les forums.


Célèbre parmi les célèbres, la ligne Yamanote, 山手線, hier, vers 18 heures 30 du côté de Harajuku, 原宿.
J’insiste au passage sur un point : il y a un réel esprit d’équipe entre les enseignants, je crois que tout le monde sait s’apprécier; j’ai assez peu rencontré cela. Et hier, en quittant Shibuya, le manager m’a remercié d’être venu les aider chaque mardi à Shibuya ! Je ne faisais que mon travail, et je n’ai guère eu l’habitude de chefs qui remercient (sauf, je le concède, à BNP Paribas où Pablo et Odile ont été des « supérieurs » extrèmement reconnaissant de mon travail).
Toutefois, un bémol : il s’agit du travail dans le Kantô (Tôkyô, Yokohama), et non dans le Kansai (Ôsaka): les deux équipes sont différentes et je ne sais pas comment se passe le travail dans le « centre multi-média » : j’ai entendu dire que c’est éprouvant, difficile et fatiguant comme tout travail en call-center, avec en plus la contrainte du travail la nuit, et un autre type d’encadrement. Mais critiquer NOVA à Tôkyô, c’est, pour moi, cracher dans la soupe.


Hier, 18h45, station de train Harajuku 原宿, au carrefour à côté de la station de métro Meiji-jingu mae, 明治神宮前. Au loin, ma grande copine, la Docomo.
Il y a eu aussi un message de TB. Bonne question… Oui, il y a des débutants complets. La méthode utilisée est une méthode globale, il faut une totale confiance de l’élève envers son professeur afin qu’il comprenne de suite les situations et surtout ne cherche pas à comprendre mot à mot ce qu’il est en train d’apprendre. Tous les élèves de niveau débutant que j’ai vu chercher à traduire se gaufrent totalement et feront sempiternellement les mêmes fautes de grammaire à l’avenir, puisque la méthode globale est d’abord une méthode qui met en place des mécanismes et non du vocabulaire. J’ai fait hier une leçon de débutant avancé (elle avait environ 15 leçons : j’aime la France, je connais Paris, je m’appelle X…) et j’ai donc fait une leçon sur les articles.


Les chaussures à ruban sont en force, ce printemps… A Shibuya, bien sûr. Et pour le coup, je regrette comme cela m’arrive souvent, de n’être pas à Kyôto, car chez les filles de Namba, le orange doit être la couleur des plus timides…
C’est un truc incroyable, la méthode globale, c’est une mayonnaise dans laquelle on n’a plus qu’à rajouter des ingrédients. Le principal est que la mayonnaise ait pris, et c’était le cas. La fille n’a pas fait une seule faute « un/le » si fréquente… Elle ne sait certainement pas pourquoi mais elle a compris qu’il y a des contextes différents. Je connais des élèves avancés, passés par l’Institut de notre cher Maruchan, et qui font des fautes basiques : même le meilleurs cours de grammaire du monde ne leur fera pas changer ce qui est du domaine du mécanisme et de la représentation intuitive. Ils connaisent « défini/indéfinis » mais ils n’ont pas inscrit, au fond de leur cerveau la situation type. Hier, j’ai gesticulé dans tous les sens, mais durant 15 minutes où je lui ai fait décrire des images, elle n’a pas fait une seule faute. Bref, si les enseignants continuent avec cette élève comme ils ont commencé, elle ne fera pas de faute de ce type, car elle comprendra la différence fondamentale entre « une voiture est dans une rue » et « la voiture est dans la rue ».


Shibuya, version soft, légère
Qu’on ne s’y trompe pas, NOVA n’est pas l’Institut Franco-Japonais et n’a pas vocation à le remplacer. Mais j’ai constaté chez des élèves qui vont à l’un et l’autre une très grande complémentarité. A l’un les cours magistraux, le cadrage stricte, le « bon usage » (titre d’un célèbre dictionnaire de grammaire), dans de vraies classes de trente élèves, avec des manuels et du travail ainsi qu’une progression ordonnée. A l’autre la conversation, la compréhension intuitive, et encore la conversation de 1 à 4 personnes, souvent 2 en fait, de niveau à peu près équivalents. J’ai demandé à une élève qui va à l’Institut, elle a été claire : elle vient à NOVA pour parler, elle va à l’Institut pour la grammaire. Elle progresse vite, elle vient beaucoup donc elle parle plutôt bien et a un bon accent, un débit naturel.
Il y a aussi les élèves NOVA 100% ! Et pour vous avouer, j’ai été assez surpris : ils ne sont pas mauvais du tout, ça a juste pris plus de temps, mais leur débit est souvent plus naturel que ceux qui ont étudié ailleurs. Bien sûr, il y a ceux pour qui la mayonnaise a pas pris, et par conséquent ne prendra jamais, à moins qu’ils n’arrêtent, puis ne reprennent un jour, autrement, dans un autre cadre, sous un autre angle.


Shibuya version plus hard, bouche, nez, yeux métalisés. Ici, look de semaine car le week end, le métal est encore plus violent…
Je commence à faire des leçons de niveau avancé et je suis finalement très heureux d’avoir eu un professeur de français qui a renoncé à nous faire étudier le latin, puis le grec pour nous donner un rab de 3 heures de grammaire par semaine… On a beaucoup souffert mais finalement je constate que je connais bien notre grammaire, que je suis à l’aise avec les conjugaisons et qu’avec mes élèves, des explications sur l’antériorité d’une action dans le passé ou le futur coulent de source et même m’intéressent, les exemples se bousculent dans ma tête.
Les textes littéraires du manuel sont intéressants et j’aime beaucoup la description de tableau : normal, j’ai été formé à cela ! Bref, je devrais parvenir à être un bon enseignant pour les niveaux avancé car je ne suis pas mauvais en grammaire, loin s’en faut, mais j’ai surtout cette culture générale qui alimente une explication, la rend digeste et attrayante. J’ai ainsi convaincue une élève de 15 ans, à la lecture d’un extrait du Cid, de s’intéresser à Chikamatsu (elle me l’a dit la semaine après). Nous avions parlé pendant une vingtaine de minute, de la différence entre « drame » et « tragédie ».


Oubliés généralement par la presse essentiellement hétérosexuelle, les « mecs de Shibuya » ne sont pas mal non plus…
Je ne comprend d’ailleurs pas pourquoi le manuel dit que Le Cid est un drame, puisque c’est une tragédie (c’est d’ailleurs la spécialité de Corneille et une emprunte de cette époque, puisque même l’Opéra s’appelle Tragédie Lyrique). Réduire le Cid au drame (le meurtre du père de Chimène) est un non sens historique; la force de cette pièce réside dans sa force tragique : Don Diègue est obligé de tuer le père de Chimène, et Chimène est condamné à venger son père tué par l’homme qu’elle aime et qu’elle désirait épouser. Voilà le tragique. Que ce manuel parle de drame est d’une bétise… Enfin !
Bon, à part cela, il fait moins moche qu’hier, mais ça devrait se gâter cet après midi… Normal, je suis en week end !
Cela ne m’empêche pas d’avoir ouvert l’une de mes fenètres en grand et d’être installé devant.


La meilleurs décision prise depuis mon homesickness, cette installation du bureau devant la fenètre… Je peux écrire facilement. Parfait pour travailler.
J’ai un peu froid, mais j’aime bien. L’autre fenètre est également ouverte, j’y ai étendu mon futon.
Cette nuit j’ai très bien dormi; normal, après le travail j’ai pu me promener, aller vers Harajuku, ressentir l’énergie de la jeunesse comme elle n’existe plus en France. Voilà qui redonne du sens à mon séjour au Japon, et à Tôkyô plus particulièrement. C’est un sentiment qui n’existe plus, qui a disparu, en France, la jeunesse. Ici, elle est envahissante et entre Shibuya et Harajuku, quelle énergie, quelle vitalité. Pas le genre traine savattes geiniard à la française, non, des jeunes avec des couleurs, des tenues rafistolées, personnalisées bref, de vrais looks, des genres de trucs que j’aurais porté en France si j’avais eu leur âge, des trucs que j’ai porté d’ailleurs, un peu comme eux, sans modèle, sans demander la permission à personne.


Boutique de fringue dans Shinjuku. Ca, c’est des fringues de filles !
C’est ça qui m’énerve chez les « accrocs du Japon ». Ils sont en extase devant tel ou tel look et s’habillent comme des schtars… Ca, je pige pas. Mais il y avait les mêmes au Lycée, déjà, ceux qui « flashaient » sur mes looks. Et s’habillaient comme tout le monde, avec même la petite touche mode qui en faisait de véritables ringards… Je préférait nettement les babs, les hard ou les vrais « kyfon » (de Funky), au moins ils faisaient un trucs, ou même les rien du tout qui ne prétendaient à rien. Mais les « genre »… beurk ! A Harajuku, peu de « genre » (souvent occidentaux, d’ailleurs), mais du typé, du corsé. Note particulière pour un couple, lui superbe costume et chapeau, elle soubrette poupée tout en dentelle avec une sucette dans la bouche. Parfait ! Je suis rentré vers 20h30 (il faisait super froid), me suis préparé un Curry accompagné de poulet fumé (je ne suis pas convaincu du mélange…) que j’ai mangés en regardant un peu la télévision.
Je n’aime vraiment pas Kitano : là, c’était une espèce d’émission à la TF1-22h30; un public, des invités-toujours-les-mêmes et des reconstitutions de drames familiaux genre « dépression nerveuse d’une femme au foyer » ou « défiguré après avoir négligé une otite »…. Il y avait aussi un dorama-vérité sur la vie de Sonoko, dont le visage blanc et surlifté orne la façade d’un immeuble à Ginza : elle a bâtit un empire en faisant de la nouvelle cuisine japonaise, diététique après que son fils soit mort des suites d’un régime amaigrissant à la mode dans les années 70 (amphétamines et vomissement). Le dorama n’a pas cherché à reproduire le visage de Sonoko et c’est tant mieux car cela aurait plutôt tourné au film d’horreur.


Portrait de Sonoko, à Ginza. Le vrai était pire que ça, mais dans le même genre…
Elle se colorait en effet le visage en blanc, ses cheveux avait un côté en plastique (voir l’actrice plus haut qui joue Piaf, même genre…) et surtout, un lifting final qui ramassa les derniers plits qui avaient échappés aux 50 liftings qui avaient précédés, si vous voyez ce que je veux dire… Pathétique, mais c’est ça aussi, le Japon…
De Tôkyô,
frigorifié par les 15° ambiants,
Suppaiku


Commentaires

6 réponses à “Mercredi nuageux, comme toujours !”

  1. Avatar de 名無しさん
    名無しさん

    >Je ne comprend d'ailleurs pas pourquoi
    >le manuel dit que Le Cid est un drame,
    >puisque c'est une tragédie (c'est
    >d'ailleurs la spécialité de Corneille et
    >une emprunte de cette époque, puisque
    >même l'Opéra s'appelle Tragédie
    >Lyrique).

    une emprunte??
    On dit, au choix, une empreinte ou un emprunt.

  2. Avatar de 名無しさん
    名無しさん

    >Je ne comprend d'ailleurs pas pourquoi
    >le manuel dit que Le Cid est un drame,
    >puisque c'est une tragédie (c'est
    >d'ailleurs la spécialité de Corneille et
    >une emprunte de cette époque, puisque
    >même l'Opéra s'appelle Tragédie
    >Lyrique).

    une emprunte??
    On dit, au choix, une empreinte ou un emprunt.

  3. Je suis d’accord… Et c’est très loin d’être la seule faute dans ce post… J’en ai repéré de bien plus grosses, de bien pires… J’écris à la vitesse où je pense, c’est un journal ; bref, ma pensée parfois change au moment même où j’écris, les lapsus, les faux amis, les fautes de frappe, les participes non accordés et les mauvais infinitifs, tout y passe… Je pense que toutefois, on remarque vite qu’une faute grave n’est pas suivie d’une répétition de la même faute grave… Au stylo je fais peu de fautes mais sur l’ordinateur… Buuuuuuhhhhh
    Merci pour cette lecture attentive.
    C’est quelque chose que je ne compte pas changer, toutefois : c’est un journal et non un roman. J’écris et je publie, je passe beaucoup de temps à redimensionner les photos, à les exporter… Je ne relis pas, ou plus tard, pour contrôler surtout le résultat global, pour voir si c’est bien dit, bien tourné, si le style me fait..

  4. Je suis d’accord… Et c’est très loin d’être la seule faute dans ce post… J’en ai repéré de bien plus grosses, de bien pires… J’écris à la vitesse où je pense, c’est un journal ; bref, ma pensée parfois change au moment même où j’écris, les lapsus, les faux amis, les fautes de frappe, les participes non accordés et les mauvais infinitifs, tout y passe… Je pense que toutefois, on remarque vite qu’une faute grave n’est pas suivie d’une répétition de la même faute grave… Au stylo je fais peu de fautes mais sur l’ordinateur… Buuuuuuhhhhh
    Merci pour cette lecture attentive.
    C’est quelque chose que je ne compte pas changer, toutefois : c’est un journal et non un roman. J’écris et je publie, je passe beaucoup de temps à redimensionner les photos, à les exporter… Je ne relis pas, ou plus tard, pour contrôler surtout le résultat global, pour voir si c’est bien dit, bien tourné, si le style me fait..

  5. Avatar de 名無しさん
    名無しさん

    Ouch, tu l’as mal pris マジー先生??
    (^_^;)
    Je sais, c’est facile de reprendre sur l’orthographe; mais celle-la m’a sauté au visage. Je me suis demandé ce que tu voulais dire. Le sens de la phrase est légèrement différent selon qu’on dise « emprunt » ou « empreinte ».

    _(_^_)_
    御免なさい

    PS. On a tous remarqué tes efforts sur le blog.
    がんばれ!

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