秋分の日, le jour de l’equinoxe d’automne

Le contact avec l’histoire est primordial pour moi. Kamakura est un bain d’histoire. Les temples, les jardins, les statues et les pierres racontent cette capitale interimaire des 12eme/14eme siecles. On se croirait dans une de ces collines autours de Kyoto ou vers Nara. Le bouddhisme a essaime ses temples et son influence. Ici, il se fit Zen ou Nichiren, Terre Pure ou Nouvelle Terre Pure. Ce Bouddha est dans le jardin d’un temple Nichiren, Ankokuronji, fonde au 13eme siecle par Nichiren lui-meme. Je n’ai pas de sympathie particuliere pour cette secte nationaliste et populiste que fut le Nichiren-shu, mais a 700 ans de distance, ses vestiges me sont sympathique. Mes preferences vont a la Terre Pure, aux temples majestueux ou le simple souhait « namuamida butsu » appelle aupres de vous la benediction de Amida et l’assurance de renaitre en Terre pure de l’ouest ou vous pourrez apprendre a devenir un bouddha loin des influences malefiques, et aux temples dedies a Kannon, parce qu’un Boddhisatva a 1000 bras tenant toute sortes d’objets pour attrapper les humains et les sauver, pare de 12 tetes pour faire fuir les demons, le tout dans un corps ambigu, presque feminin, non, un tel boddhisatva ne peut qu’inspirer beaucoup de tendresse. Mais bon, ce bouddha ci, je l’ai trouve vraiment tres beau : on dirait un Africain, le visage parfaitement dessine. Mauritanien ? Malien ?
… Un jour ferie, quoi.
Il a fait finalement tres beau et la promenade a Kamakura s’est averee un vrai plaisir. Mais quelle fatigue… Kamakura est a une heure de Tokyo (nb: on appelle Tokyo la gare de Tokyo, situee dans la partie est de la ville), il est donc preferable de partir tres tot si on veut profiter de la journee : pour nous, ce fut 8 heures ! Enfin… 8 heures 15 puisque Jun autant que moi sommes arrives en retard ! Cela etant, on a eu le train de suite, sans attendre.
Petite note en passant, la longueur des trains japonais ne cesse de me surprendre : ils sont bien 2 a 3 fois plus longs que les trains francais. Pour le metro, c’est simple, deux fois plus longs avec environ dix voitures…

Les amateurs de Trick doivent imperativement aller a Kamakura. Il y a un nombre incroyable de ces grottes, semi-grottes ou trone une pierre, un bouddha ou une simple flaque d’eau verdie par les mousses. Elles peuvent etre en bord de chemin, ou dans la propriete d’un temple, comme ici au Myohoji, dans la foret qui le surplombe. Il n’y a pas ca dans le Kansai. Y avait-il par ici des croyances anterieures qui se seraient greffe au bouddhisme et expliqueraient la presence de toutes ces grottes, je ne sais pas…

Nous sommes arrives vers 9 heures 15. Aujourd’hui, c’etait a Kamakura (la ville compte deux gares JR, l’une au nord aet la seconde au centre), car nous avions decide de partir vers le sud de la ville. Nous avons loue des velos, tres pratiques. Kamakura, comme le Japon en general, change avec les saisons de facon radicale. Nous etions deja alles vers le sud, en fevrier, juste quand commencent a eclore les premieres fleurs de « prunier » (je mets de guillemets parce que pour moi, ume, ca me fait plus penser a un abricot acide qu’a une prune…). Les arbres etaient nus, leurs formes grises et brunes dominaient sur le fond vert des coniferes et des arbres a feuilles persistantes.

Le vert et le Japon, les mousses et le Japon, l’usure et le Japon… Je suis veritablement amoureux de cette esthetique qui vient de la decision de cesser le combat avec la nature dans des domaines peu essentiels. La mousse envahit tout, la rouille mange le fer, le bois est use par endroit, l’arbre a ete casse par un orage et voila des pousses qui repartent du bas, qu’importe… Il en resulte une energie incroyable quand vient le printemps. Nos jardin francais sont beaux, mais aucune energie ne s’en degage, comme si la nature avait abdique. Au Japon, les jambes harcelees par des insectes parfois enormes, la sueur degoulinant de partout a cause de l’humidite, le son des grillons, cigales et autres insectes, les libellules qui vous bousculent au passage, des rampants etranges… La nature est ici vainqueur sur l’homme. Enfin, dans les jardins et la ou des tabous religieux persistent. Ailleurs, elle est massacree, saccagee, epuisee. Mais quand on regarde de pres, elle guette et tient ses mousses en reserve, sa rouille aux aguets et ses typhons, inondations, tremblements de terres sous la main, juste au cas ou. La nature japonaise est la plus forte. C’est pour cela que moi aussi, je suis un peu shinto, ici. On peut faire tout ce qu’on veut : au Japon, la nature est la plus forte.

Le midi, nous avons mange des soba avec des tempuras de champignon. Degueulasse. Je suis difficile sur les sobas, intraitable avec les tempuras. Soba cuits d’avance, tempura surgras. Nous avons regrette de ne pas etre alles dans notre restaurant d’anguille habituelle. Ah, l’anguille… Voila bien une bonne raison de vivre au Japon : manger de l’anguille grillee enduite de tare (de la sauce soja sucree et parfumee de ???, moi je l’achete toute prete!) juste une minute avant de servir, quand elle est encore sur le feu. La sauce caramelise un peu diffusant une odeur unique. On sert sur du riz et on saupoudre de sancho (facultatif, epices avec un gout de citronelle). C’est inimitable, et ca explique pourquoi je peux me passer de fromage ou de charcuterie. I-ni-mi-table! On a eu envie de sobas, et on a regrette. Il y a de tres bons restaurants de sobas, mais attendre une heure avant de pouvoir rentrer (il y a la queue), on en a choisi un ou on evitait l’attente… Regrets immediats a la vue des sobas. On aurait dit des spagghettis gris fins, cuits deux minutes de trop : fugna fugna (ramolo).
On s’est rattrappe avec une glace et en poursuivant la promenade…
Nous allons avoir un nouveau premier ministre. Catholique (une premiere), petit fils du premier ministre Yoshida (1947-1954) et dont la particularite est d’aimer les mangas… Koizumi, c’etait le hard rock.
Y a t’il eu un seul premier ministre recent au Japon qui allait au Kabuki, appreciait le Noh, pouvait disserter des differentes architectures anciennes, feru de literrature, connaissant le Kojiki et le Nihon Shoki, maitrisant l’histoire du Japon, les subtilites du bouddhisme, curieux du monde bref, connaissant de grands marqueurs de la culture du Japon ?

Et je repense a cette eleve qui m’avait dit qu’elle n’avait pas besoin d’aller au Kabuki car elle allait dans les matsuris et que comme ca elle connaissait suffisament la culture japonaise. Je vais arreter d’ecouter Charpentier ou Rameau : un bon coup de Star’Ac fera de moi un bon Francais…


Commentaires

3 réponses à “秋分の日, le jour de l’equinoxe d’automne”

  1. Ça va le boulot ? Parce que vu d’ici, il parait que cela ne va pas bien du tout chez les frères L.

  2. Ah la la, tu me donnes trop envie avec tes descriptions… ça me manque vraiment le Japon, je n’en ai pas assez vu. C’est rare ce sentiment pour moi, ce besoin inassouvi d’un pays, d’une culture. More, more, more..
    Au passage, happy birthday Madjid avec plusieurs jours de retard, certes, mais le temps en ce moment chez moi est décalé.

    Joëlle

  3. Merci, Joelle. Je vais m’appliquer.
    Je t’embrasse.
    Au passage, j’ai pense a toi quand je suis passe au noir et blanc sur mon site. J’ai regrette de ne pas avoir ton talent, j’ai essaye de faire de mon mieux en pensant « qu’en pensera Joelle »…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *