Tokyo en ete

Il fait chaud sur Tokyo, tres chaud, tres tres tres chaud. L’ete est arrive d’un coup, vers la fin du mois de Juin, quand les temperatures, malgre le Tsuyu, avoisinaient sans relacher les 28 C le jour et 24 C la nuit. Et puis, il y a deux trois semaines, quand le Tsuyu nous a quitte, tiens, c’etait a point pour les hana-bi, les temperatures ont depasse 30 C, il s’est mis a faire chaud, on a repris plaisir a se promener le soir malgre la peau moite et la sueur – au Japon, on transpire comme nul part. Avec Jun, nous sommes alles voir le Hana-bi de Yokohama – une foule… Et puis la semaine suivante, celui d’asakusa ou nous avons retrouve Yoshinobu en vacance depuis le 18 Juillet, et qui passait quelques jours a Tokyo. Moi, cette annee, je me suis achete un Yukata, mon premier, et des zori : comme m’a dit une vieille dame, je suis un vrai Japonais. Je n’ai pas pense a lui faire remarquer qu’avec son T-shirt et son jean, c’etait une vraie occidentale, c’eut ete deplace. En tout cas, je suis tres fier de ma facon de nouer le obi : je suis un expert ! Et je vous confesse aussi que le yukata, en ete, c’est fantastique : le vent remonte le long des manches et raffraichit les bras, le torse, les jambes sont a l’air, a l’aise. Je ne comprends pas pourquoi modernisation veut dire « costume cravatte ». En Europe, la vraie modernisation, ce serait adopter le yukata en ete, plutot…
Au travail, les jours se suivent. Il m’arrive d’eprouver du plaisir dans ce que je fais, mais Lehman est quand meme une entreprise difficile ou regne une certaine improvisation et donc un certain stress. Et comme je continue de ne pas me faire a ce quartier de Roppongi, je reste reserve. Il y a quand meme quelque chose de positif : je suis vraiment dans l’equipe, je suis reconnu sur ce que je fais. J’ai meme un peu le sentiment d’etre le meilleurs. Mais ca c’est debile ! Je parle anglais en permanence, assez peu Japonais et quasiment pas francais. Le week end, je ne parle que japonais.
J’ai traverse une periode assez inedite dans ma vie, marquee par votre absence et par mon effacement. Je me suis rempli de mon travail, de ses horaires, de ses ecrans et de son rythme. Je me suis glisse dans les metros du matin, bondes, les corps qui se frolent dans un silence inquietant, le train qui s’arrete pour reguler le traffic et puis la correspondance a Kayabacho, le wagon qui se vide comme quelqu’un qui vomit les 50 litres de biere avales d’un trait, ca sort dans tous les sens, quelqu’un tombe, bouscule, ca pousse quand meme, on sort la mine furieuse posee sur cet(te) imbecile qui en tombant nous gene. Oui, le Japonais sont sociaux partout SAUF dans le metro. Des fois, je nous fait l’impression d’etre un de ces boeufs transportes en wagon et qui sortent quoi qu’il arrive en meuglant et en se chevauchant sitot la porte ouverte. Moi, petit a petit, ca me fait du bien : ca me de-Houellebequise. Il faut dire que pendant un temps, les heures de pointe me sur-Houellebequisaient !
Le soir, c’est tout le contraire. Ce peut etre plein mais on rit, les etudiants rient et les sarariiman au teint rougi par l’alcool affichent des mines d’adolescent hilares, meme et surtout s’ils s’endorment.
Autant dire que durant cette longue periode, je sortait de chez moi a 8 heures et ne rentrais que vers 21 heures, 22 heures et parfois plus. Beaucoup plus. Je ne sais plus trop si c’est a moi que je prouvais quelque chose, ou a mes collegues. Mes activites intellectuelles se sont trouvees reduites a bien peu de chose. Mais je crois que c’etait necessaire, j’ai veritablement coupe avec la monotonie de l’epoque NOVA. Mes week ends sont de vrais moments de repos, nous sortons, allons au musee, faisons de belles promenades.
Recemment, quand tout fut finalement bien installe dans ma tete, bien a sa place, j’ai eu une envie de Maruzen. Maruzen. Une grande librairie, celle de Nihonbashi ou celle de Otemachi. Des romans. Tout doucement je me remets a lire, depassant la fatigue dans les transports ou le soir, a la maison, je recommence a lire. Je vous en reparlerai plus tard. Le midi aussi, je reprends mon temps. Durant ce long passage, le midi, c’etait sur le pouce, devant l’ecran. Je recommence a sortir, hier j’ai fait une sieste au soleil. C’etait agreable. Je porte sur mes epaules la fatigue des trois derniers mois, mais c’est une fatigue saine que mes vacances a Kyoto, la semaine prochaine, effaceront.
Kyoto. Rien a ajouter a ce sujet. Si, Kyoto, pendant 9 jours.
Comme un peu partout dans le monde, ici aussi les prix ont monte. Le beurre est meme venu a manquer pendant deux mois et, quand il est reapparu, ce fut pour « un paquet par client » et 80% plus cher. Pour les Japonais ce n’est pas bien grave. Mais pour un Francais…
C’est quoi, un Francais qui ne mange pas de beurre ?
L’electricite, le gaz : tout a augmente. Mais c’est drole, dans l’alimentation, pas tant que ca pour le moment. iPhone est arrive ici, mais j’ai entendu dire que c’est quasiment impossible pour un etranger d’en acheter un (a moins de le payer les prix fort). A la television, des crimes horribles, chaque semaine, comme une preuve pour de vrai que la peine de mort ne reduit pas la criminalite. Des crimes vicieux, premedites, ressasses, par de veritables psychopathes, de vrais pervers qui valident la theorie Freudienne comme aucun expose ne pourra jamais le faire : tous les criminels sont des puceaux de 25/30 incapable de creer un relation avec les autres. Des graves, des otakus…
Allez, je vais travailler.


Commentaires

2 réponses à “Tokyo en ete”

  1. Suppaiku> C'est quoi, un Francais qui ne mange pas de beurre ?

    Hmmmm… Un provençal ? Un végétalien fondamentaliste ? Un métro-complexé à la recherche impossible de sa ligne d'adolescent ?

  2. Avatar de Anonymous
    Anonymous

    Suppaiku>hier j'ai fait une sieste au soleil. C'etait agreable.

    Et les cigales … avé l'accent du Kanto petit !

    Popol .

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