Encore 10 jours avant le départ…

Ca se rapproche : la valise est sortie. Je commence l’opération de nettoyage dossiers au travail. Le temps est mauvais ici, malgré une bonne journée aujoud’hui : je ne regrette pas du tout de partir.
Eu un IM ( sur ce site de Maruchan, à qui j’ai proposé qu’on se retrouve à Tôkyô pour aller à l’Izakaya où nous avions été l’hivers dernier. Ca tombait mal, j’ai un dossier un peu coton en ce moment au boulot et un chef est arrivé juste au moment où la pop up est apparue. C’est malin… Si vous ne connaissez pas, allez faire un tour sur le Japon.org. C’est une communauté vivante.
Été déjeuner avec Soun, une collègue que j’apprécie depuis que j’ai travaillé avec elle il y a 4 ans aux paiements swaps. C’est sympa, elle a évoqué le Cambodge, le communisme, Sianuk… Une histoire cruelle, mais humaine. Ce matin, justement, l’histoire s’invitait dés mon levé. Réveillé à 7 heures, je me suis préparé dés le début des matins de France Culture. La réalisatrice du film Odessa Odessa était invité et j’ai l’intention de voir ce film. Ce n’est pas seulement un film sur le déracinement des juifs Yeddish de Lithuanie, mais aussi finalement un film sur l’exil, l’impossibilité à se fixer, à se donner un destin au présent, là, maintenant, sans attendre, sans regarder derrière soi ni se projeter dans un hypothétique avenir. Porter la mémoire d’une diapora de génération en génération. Les jeunes de la 2ème génération, 3ème génération de l’immigration, parfois à cheval entre 2 mondes ne vivent ils pas eux même celà, pas d’ici, pas de là bas. Et moi même finalement, pas installé, flottant. Fils d’Algérien, Français, Parisien entre deux mondes, regardant ailleurs comme une autre terre possible, Londres, le Japon… La réalisatrice est très intéressante.
Encore un avion qui est tombé. On est peu de choses.
Pendant le déjeuner, pour la première fois, je me suis réclamé du Bouddhisme, en m’accordant ma vie pour trouver ma voie. Le Bouddhisme des autres ne m’intéresse pas, seule le miens ne compte. Soun nous a parlé du siens, intérieur, quotidien, moral, celui du Cambodge. Il y avait avec nous un collègue qui disait s’y intéresser. M’en réclamer m’a semblé évident, finalement. J’ai rompu un mensonge avec les autres et avec moi-même. Je ne recherche ni la sérénité, ni le « zen ». Il y a juste que je me torture à retourner le monde dans tous les sens et l’analyse m’a appris que c’est finalement uniquement à moi que je pensais. Comment alors ensuite penser le politique sans s’aveugler et croire que c’est dans l’intérêt des autres qu’on le pense alors que finalement on ne pense qu’à soi. On a peur, on a faim. La peur des autres réveille nos peurs, la révolte et la tristesse de voir la faim réveille notre propre crainte. C’est cet égoisme intrinsèque à la nature de l’homme qui fait le vrai Universel. Nous sommes fragiles, souffrants, malheureux, conscients de notre propre mort, de notre propre éphémère, de notre propre illusion. Et pourtant dans la jeunesse, nous avons la force et la folie de nous croire éternels, nous batissons des projets, des familles qui nous satisfairont, prendront la relève de l’histoire de ce que nous appelons l’humanité. L’âge venant, notre vanité de tout maîtriser s’émousse et sur la fin ne reste que cette carcasse encombrante d’une personne dite « agée »… Ne reste que la réalité, la vie comme une succession de présent toujours présent et déjà passé, emagasiné dans notre mémoire. On a l’air frais, alors, avec les souvenir de notre jeunesse…
Alors moi, depuis longtemps maintenant, j’ai trouvé Sartre qui m’a donné le monde et l’Homme comme un choix, un projet à bâtir pour trouver enfin un sens à ce néant qui me constitue, à mon intrinsèque inutilité, en soi. Et j’ai trouvé Bouddha pour accepter ma fin, au détour de mes 20 ans, et comprendre que ce temps à passer n’est, dans le pire des cas, qu’un mauvais moment. Dans le meilleurs, que quelques bons souvenirs qui s’éteindront un jour avec moi… La frontière est mince entre Sartre et le bouddhisme. Aucun Dieu, aucune idée préconçue de l’homme. Sartre, c’est finalement le Bouddhisme de la civilisation marchande, internationale, marchande et post chrétienne. Une exigeance morale sans laquelle on tombe dans le cynisme caractéristique à Houellebecq. C’est comme ça… Non, ce n’est pas comme ça car même « comme ça », c’est une construction, une illusion. Parce qu’en soi, ce n’est absolument rien. Ecoutez donc une grande théorie philosophique, politique, et placez là à sa vraie échelle, celle de l’univers. Ca devient risible, non ? Ridicule. Piteux. Vain. Ca c’est le Bouddhisme. Mais en même temps, pensez, vous êtes un homme, et pour vous la souffrance de l’autre comme la vôtre, sa non reconnaissance, le dédain, l’ignorance, les esclavages, les rêves, c’est bien concrets, et ces autres avec lesquels il faut composer, qu’ils souffrent, qu’ils oppriment où qu’ils inondent nos oreilles de leurs tubes insupportables, ils sont bien réels là, maintenant, au présent et remplissent le champs de nos perceptions… Ca, c’est Sartre.
Le plus intéressant, c’est que Bouddha avait conscience de ce quotidien de l’homme tout en le trouvant. Sartre, lui avait bien conscience que ce que l’on appelle l’Homme est une construction de l’esprit un peu vaine à l’échelle de la science et de la réalité en soi, mais nécessaire.
Ca m’a fait du bien de dire que je suis Bouddhiste. D’autant que je n’aime pas les Bouddhistes occidentaux. Rechercher la paix intérieur est pour moi une vanité et une illusion dans le monde des villes. Une mode, et j’ai jamais aimé les modes.

Tremblement de terre archi violent au dessus de Sendai, hier, au Japon. Comme me l’écrivait Stéphane dans un mail « je comprends tes réticences à aller à Tôkyô, ça se rapproche ». Oui…

Je suis allé au Trésor Public hier. A la maison, j’ai plein de médicaments. Je suis content d’écrire sous l’oeil de Sartre, la grande photo sur mon mur. Samedi je vais à la BN à l’exposition Sartre. Me voilà d’ailleurs à la mode : Sartre a fait son come back cette année. Quelle bande de cons… Nous sommes tous des salauds, moi le premier. C’est ce que j’ai appris dans Les chemins de la liberté. On est des Matthieu, nous avons appris à vivre dans un monde monstrueux à bien des égars, en le sachant, en le voyant, et EN EN CAUSANT. C’est ça que je trouve méprisable, lâche. Tous des Matthieu. Il ya des tas de petits Mozart qui n’ont même pas le temps de naitre en Afrique, ils meurent en couche et leur mère avec, un peu comme avant ici, mais ça se passe maintenant. On en cause…
On accumule un vilain karma… Et je trouve les bouddhiste fashionables occidentaux particulièrement expert en terme de mauvais karma, avec leur riz macrobio et leur zazen qui rend calme.
Quand on pense que Bouddha a été le premier Brahmane à abolir par sa simple parole et son existence même les castes d’une société strictement inégalitaire… pour finir par incarner la valeur cool des petits bourgeois en mal d’existence…


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